Commandant

Octobre 1940. Le sous-marin Cappellini a quitté le port de La Spezzia, sous les ordres du capitaine de corvette Todaro. L’objectif est simple : embuscade en Atlantique. L’opération l’est moins ; il faut d’abord passer le détroit de Gibraltar, puis rejoindre une zone où transitent des bâtiments britanniques. Un soir, la silhouette d’un cargo qui navigue tous feux éteints découpe l’horizon, qui porte un canon à l’avant. Le combat s’engage, rapide, sanglant, décisif. Mais alors qu’il compte ses blessés et ses morts, Salvatore Todaro est confronté à un dilemme : que faire des survivants qui affluent à la nage vers le sous-marin ? Obéir aux ordres de l’Amirauté et laisser des ennemis se noyer, ou secourir des naufragés ? Agir en guerrier ou en marin ?  

Dans ce roman choral, Sandro Veronesi et Edoardo de Angelis tissent avec talent une belle galerie de portraits. Todaro, le commandant qui souffre d’anciennes blessures. Marcon, le maître principal bosco, avec qui il parle en dialecte vénitien. Les jeunes officiers, officiers-mariniers et matelots du sous-marin qui s’engagent au péril de leur vie pour une Italie plurielle. Mais également le second du cargo ou le commandant du convoi anglais. La réflexion, la peur, le courage sont mis en valeur, comme toutes les expressions de la nature humaine.  

Dans cette histoire, inspirée de faits réels mais partiellement restés dans l’ombre, les auteurs ont su combler les espaces narratifs et restituer l’ambiance des sous-marins classiques, à propulsion diesel-électrique. La promiscuité, les odeurs que l’on sent à l’extérieur, les cigarettes que l’on prend dans la baignoire du kiosque. La solidarité et le respect qui animent de l’équipage. La dureté de la mer, toujours, et la solidarité des gens de mer.   

Mais ce roman, au-delà de sa qualité, a deux autres dimensions.  

D’abord parce qu’il donnera lieu à un film, porté par les deux auteurs.  

Surtout parce qu’il est un appel à la morale contemporaine. A l’heure où des migrants fuient toujours la Lybie et traversent la Méditerranée en direction de la Calabre ou de Lampedusa, où des dizaines d’embarcations sombrent, entraînant des fins funestes, et où beaucoup oscillent entre indifférence et slogans faciles, il est des consciences en Italie qui s’interrogent : n’y a-t-il pas un moment où des clandestins deviennent des naufragés, et méritent dès lors d’être traités avec humanité ? A cet égard, la figure de Salvatore Todaro vient à point rappeler que les Italiens ont une culture maritime puissante, qui les honore et les oblige.                                                                                                          

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
15/10/2023

Sandro Veronesi, Edoardo de Angelis
Commandant
Grasset Editions – collection En lettres d’Ancre – 2023

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