Prix Marine Bravo Zulu 2023

Signe des temps, sans doute : pour ce Prix Marine  Bravo Zulu 2023 – sans avoir pour autant été sélectionnés sur ce thème – tous les ouvrages lauréats traitent, d’une façon ou d’une autre, de la confrontation.

La mer et ses fortunes, naufrages, mutineries et révoltes; la mer et ses combats, anciens, modernes voire futurs, dont parfois dépend l’issue d’une guerre.

Le contrepoint qui, heureusement, s’en dégage c’est la résilience des équipages, étayée par l’histoire, illustrée par la légende ou espérée, dans l’anticipation d’un avenir que l’on pressent pour le moins hasardeux.

(cliquez sur les couvertures pour accéder aux recensions)


Prix « Livre »

Pour mourir, le monde
Yan Lespoux
Editions Agullo

Pour mourir, le Monde est un grand roman d’aventures, et d’aventures maritimes. Marie a quitté son hameau landais, menacé d’engloutissement et s’est réfugiée sur la côte landaise, entre étangs et littoral. Au XVIIème siècle cette zone de non-droit, où les hommes d’armes hésitent à s’aventurer, est peuplée de bergers, de résiniers et de pilleurs d’épaves Fernando Teixeira, de son côté, s’est retrouvé enrôlé dans l’armée portugaise et embarqué sur un navire à destination de Goa, sur la côte ouest de l’Inde. Diogo Silva, lui, vit au Brésil à São Salvador de Bahia lorsque les Hollandais s’emparent en 1624 de cette possession portugaise et se lie d’amitié avec Ignacio, Indien Tupinamba qui le prend sous son aile et lui transmet son savoir ancestral. Ces quatre personnages se retrouvent en janvier 1627 sur la côte landaise où une terrible tempête a précipité deux caraques portugaises chargées de trésors et leurs navires d’escorte. Pas question de divulguer tous les évènements palpitants qui précèdent janvier 1627 et sont à l’origine de cette rencontre – qui se révèlera tragique – entre nos quatre héros. Ils constituent la trame d’un roman épique qui laissera à ses lecteurs une impression profonde et durable.

Lieutenant de vaisseau (H) Dominique Renié


Prix « Beau livre »

La bataille de l’Atlantique
Frédéric Guelton
Editions Glénat

Décembre 1941 voit les déclarations de guerre se succéder, les forces de l’Axe se rassembler et l’Angleterre dépendre plus que jamais pour sa survie, du ravitaillement venu des Amériques.   Le colonel Guelton, historien des armées et excellent metteur en scène entreprend au travers de ce volumineux ouvrage, de raconter la plus grande bataille de la seconde guerre mondiale. La plus grande mais aussi la moins connue. Les objectifs allemands sont de gagner la guerre terrestre, mettre hors-jeu la Grande-Bretagne et éviter que les USA n’interviennent. Mais, avec Churchill l’Angleterre tient la tête hors de l’eau et Roosevelt n’attend pas pour mettre en marche son industrie de l’armement, déterminante pour la victoire.   Après le « happy time » pour les U-Boote et les bateaux corsaires, les vents tournent, l’Asdic et le Sonar, les Catalina et autres aéronefs empêchent les allemands de couler plus de navires que les USA n’en construisent. Davantage de convois arrivent à bon port chargés de ravitaillement pour les Anglais et les Russes mais aussi remplis de matériel de guerre en vue des débarquements en Méditerranée et en Normandie.   Le détail des forces en présence, les types de navires et d’avions engagés, leur armement, les sinistres bilans humains de ces 650 convois attaqués et ces 2800 navires coulés, aucun détail ne manque à ce grand livre, ni les photos coloriées des héros de cette bataille à bas bruit, ni le souvenir de ceux qui « dans une mer sans fond, par une nuit sans lune » s’en sont allés pour que demeure la liberté.

Capitaine de frégate (H) Alain M. Brière


Prix « Bande dessinée »

1629 ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Xavier Dorison – Thimothée Montaigne
Editions Glénat

1629. La Compagnie hollandaise des Indes orientales affrète le Jakarta, fleuron de son immense flotte. A bord, 300.000 florins en pièces et bijoux pour mener négoce en Indonésie et un équipage issu des bas-fonds d’Amsterdam. Attisée par l’or et la violence des officiers, la tentation d’une mutinerie grandit, faisant du navire une poudrière sur un enfer flottant. Un homme est prêt à allumer la mèche, pour nourrir ses rêves de pouvoir : Jéronimus Cornélius, ancien apothicaire et subrécargue en second. Personne ne semble en mesure d’empêcher son funeste projet. Personne sauf une passagère de la grande bourgeoisie, Lucrétia Hans, embarquée pour rejoindre son mari à Java… Xavier Dorison a concocté un thriller solide. S’il prend le temps de camper ses personnages, il leur confère très vite de l’épaisseur : Tous sont en place. Il n’y a plus qu’à tendre l’intrigue, aiguiser les passions et préparer les âmes au pire. L’auteur a mis en scène cette aventure. Il ne cache pas la dure réalité du bord mais sait y ajouter une bonne part de romanesque. Thimothée Montaigne atteint au dessin un niveau d’excellence, qui mêle à la fois un grand réalisme des images et des plans superbes et – en même temps – une forme d’expressionnisme qui transfigure cette réalité. Le travail de la coloriste Clara Tessier, avec une très belle chromie, magnifie les ambiances de ce huis-clos tout en tension et en rapport de force. Premier tome d’un diptyque consacré à l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire maritime, ce thriller psychologique est un récit d’aventures magistral, où la navigation, la mutinerie et le naufrage se doublent d’une galerie de portraits denses, entre noirceur, folie et courage. A noter que cet album est dans une superbe livrée, couverture incrustée, marque page, qui confère à ce beau format une ressemblance avec les impressions de Hetzel. Une raison de plus pour l’avoir dans sa bibliothèque.

Capitaine de corvette (R ) Jean-Pascal Dannaud, Vice-président, comité du Prix littéraire ACORAM


Mention spéciale « Livre »

Vaincre en mer au XXIème siècle
Thibault Lavernhe   François-Olivier Corman
Editions des Equateurs

Un traité de tactique navale au XXIe siècle : lecture étonnante ! Nous avons tous en tête les récits des grandes batailles navales de l’histoire. Si les auteurs nous les font revivre en les analysant en détail et en essayant de comprendre quelles étaient les forces et faiblesses des flottes et vaisseaux en présence et ce qui a mené à la victoire, leur but est beaucoup plus large avec cette somme extrêmement instructive. Il s’agit, en réalité, de déterminer par quels moyens « vaincre en mer au XXIe siècle ». Dans ce but les auteurs proposent un ouvrage structurant à ceux qui aujourd’hui vont être confrontés à la guerre navale, sur leurs bâtiments, à l’heure de l’apparition de nouvelles menaces après quelques décennies de calme apparent, quand l’hypothèse d’un combat en mer redevient plausible. Il faut donc, pour aller de l’avant, comprendre en profondeur le combat naval, instruire les combattants et les forces, préparer des chefs au talent créatif, préserver l’héritage, revenir sur l’histoire afin de définir à nouveau des principes, une doctrine, alors que les modes de conflictualité ont amorcé une véritable métamorphose. Thibaut Lavernhe et François-Olivier Corman, officiers supérieurs dans la Marine Nationale, délivrent un opus extrêmement puissant, destiné d’abord aux marins, mais accessible à tous ceux que les questions maritimes intéressent. Il constitue une brillante analyse et une forte synthèse, fondées sur une documentation impressionnante. Il est porté par une grande connaissance de la marine d’aujourd’hui soutenue par un sens aigu de l’histoire et de sa richesse pour préparer l’avenir.

Lieutenant de vaisseau (H) Bruno Leuba


Mention spéciale « Bande dessinée »

Les passagers du vent
François Bourgeon
Editions Delcourt

En 1979, les amateurs de bande dessinée découvrirent, dans la mature d’un voilier, une jeune personne qui  devait avoir de la personnalité. La suite de ses aventures en Atlantique, en Angleterre, au Dahomey et aux Antilles le démontra, amplement et Les passagers du vent embarquèrent dans l’imaginaire des lecteurs pour y naviguer pendant plus de quatre décennies. Leur saga se termina en Bretagne, au bord de cet Océan où elle avait commencé 150 ans plus tôt. Les cinq premiers volumes furent suivis, vingt-cinq ans plus tard de deux autres tomes, situés en Louisiane, pendant la guerre de Sécession. Deux derniers albums, parus en 2022, conclurent le cycle à travers le Paris de la Commune et « la Nouvelle » Calédonie, avec Louise Michel et le commandant Rivière. Une grande œuvre, donc, qui, appuyée par une documentation d’ampleur considérable, met en scène des personnages attachants, d’une réelle consistance, évoluant dans un environnement spatio-temporel très précis et parlant un langage affuté. Les tirages, à travers quatre maisons d’édition : Glénat, Casterman, 12bis et Delcourt, ont très largement dépassé le million d’exemplaires pour les éditions françaises et près d’une vingtaine de traductions.

Capitaine de frégate (H) Jean-Paul Billot, Président, comité du Prix littéraire ACORAM

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