La République du crâne

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2022 dans la catégorie « Bande dessinée ».

Cette BD de poids et à la mise en page soignée s’ouvre sur une longue préface des auteurs prenant le parti des pirates qui loin d’être les brutes sanguinaires décrites habituellement, ne seraient que d’honnêtes travailleurs révoltés, avides de revanches et de justice. Thèse défendue avec quelques nuances, par plusieurs ‘spécialistes’ du monde de la piraterie.

Il est manifeste qu’à la fin de la Guerre de Succession d’Espagne en 1713, nombre de marins des flottes royales ont dû mettre le sac à terre. Les navires corsaires privés de lettres de course, ont dû désarmer, jetant sur les quais un flot de marins désœuvrés et rancuniers pour qui l’alternative immédiate était d’embarquer sur le premier navire pirate venu où dit-on, régnait la démocratie (…) et où à tout le moins, les équipages avaient quelques droits notamment sur le choix du commandement et sur la répartition des prises. Des considérations peu de mise dans la marine royale ou celle du commerce, dominées par l’aristocratie et la timocratie. Seuls traits communs : la dureté du métier et la violence inhérente.

Courant 1718 au large des Bahamas, le Neptunecommandé par Sylla s’empare d’un vaisseau anglais. Renommée Fortune, cette prise est confiée à son Second, Olivier de Vannes avec la mission d’aller vendre la cargaison-butin. Magnanimement ceux de l’équipage prisonnier qui refusent de se faire pirates, sont abandonnés non loin de la côte dans un canot avec suffisamment des vivres.

En route, le Fortune croise un navire marchand portugais à la dérive. A bord, des noirs dirigés par la reine Maryam qui a mené la révolte sur le négrier. Elle se voit confier le commandement du navire rebaptisé Revanche. Olivier de Vannes y est chargé d’inculquer les us et coutumes des pirates à cet équipage de couleur, aidé à la navigation par une dizaine de ‘vrais’ marins.

Les trois navires flibustiers piratent de conserve quelques prises principalement espagnoles puis, affrontent avec succès une frégate anglaise à leurs trousses. Celle-ci est renommée La République du Crâne. Les prisonniers sont aimablement épargnés et laissés sur le Fortune avec vivres en suffisance tandis que le Revancheen piteux état est brulé et que son équipage est réparti sur les autres navires.

La chasse aux pirates s’accentuant, les équipages du Neptune et de La République du Crâne décident de concert de faire cap sur la côte occidentale d’Afrique pour s’y établir. Tout n’ira pas comme prévu, les dissensions apparaitront au sein de cette micro-colonie, l’attitude de Maryam deviendra ambigüe et enfin, l’ennemi qui les a suivis jusqu’à leur repaire, les anéantira de ses puissants canons.

Sous couvert d’une épopée aux multiples rebondissements, les auteurs font pièce aux idées reçues sur la barbarie des pirates, sur la traite négrière, sur les utopies des Libertalia ….

Ils le font avec un scenario bien ficelé, un dessin puissant et des couleurs qui changent à propos pour mieux sublimer l’action du moment.

Un livret de l’historien Fadi El Hage ‘autour des pirates et de Maryam’ complète judicieusement cette puissante BD.

CF(H) Alain M. BRIERE
06/06/2022

Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat
La République du crâne
Dargaud, 25 février 2022

Voir également la recension du CC(R) Jean-Pascal DANNAUD

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