Damien – l’empreinte du vent 

Il n’y a guère plus partial que votre serviteur pour évoquer cette bande-dessinée.

D’abord parce que mon père fut de ces garçons envoyés (trop ?) jeunes à l’école des enfants de troupes de Grenoble. Mes oncles et lui y fréquentèrent Jérôme Poncet et Gérard Janichon.  

Quand vint le moment de me trouver un prénom, Damien vint naturellement aux lèvres de mon paternel. Un nom de bateau ?! Oui, mais non. Ce fut Fabien.

Ensuite, parce que « Le voyage de Damien » est l’ouvrage qui, adolescent, m’ouvrit la route de la lecture. Dix fois, je l’ai relu, dix fois j’ai songé qu’une adaptation en bande dessinée vaudrait son pesant de rhum.

Et autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas été déçu.

« Damien – l’empreinte du vent » refermé, c’est d’un tour du monde dont on revient. 

La précision du dessin, la poésie du texte original, le rythme des dialogues, tout concourt à un embarquement in situ. On rêve avec eux sur les toits de Grenoble, on subit à leurs côtés les rudes punitions infligées par « la boîte » mais on s’accroche, on bosse du matin au soir pour payer les plans d’un voilier. On construit, on se fait aider, on apprend, on s’affranchit d’une vie toute tracée.

Une quête de liberté, l’éloge de la lenteur (nonobstant le cycle des saisons), une leçon de combativité, telle est cette histoire. Quarante ans après, elle luit comme un phare dans un monde occidental tristement bâti autour de l’immédiateté.     

Une vague scélérate, le plancher devient plafond et la mort qui rôde. On se dit adieu, on ne regrette rien. Et puis, le bateau revient à l’endroit, son mât rompu. Mais pas le voyage qui lui, continue. Il en est ainsi de l’aventure : le froid, la fatigue, la peur, tout s’efface au prochain émerveillement.

Au gré des pages, au fil de l’eau et des escales, on est immergé dans les paysages, accroché aux filières, tapi au coin du poêle ou sous la coupole de veille, on s’émeut de ces bonnes volontés croisées aux quatre vents du globe, on sourit aux évocations de l’institution militaire dont les garçons n’ont plus voulu, mais qui, tous pavillons confondus, garnira à chaque fois que possible les cales de Damien.

En ciré ou galonnée, la solidarité des gens de mers n’a pas de frontières.

Qu’importe que vous lisiez « Damien – l’empreinte du vent » chez vous sous votre couette, à la campagne ou dans le métro. Le temps de cinq chapitres, un souffle iodé vous fouettera les sens et LA question, lancinante, vous cueillera à votre débarquement : ais-je accompli mes rêves d’enfant ?

C’est un mystère savoureux de l’humanité : un binôme, un tandem, un équipage peut virer à l’association de bienfaiteurs. Que serait devenu John Lennon s’il n’avait rencontré Paul McCartney ?

Jérôme et Gérard étaient fait pour circumnaviguer ensemble. Ils sont, et resteront pour les générations futures, deux fabuleux garçons dans le vent.

Fabien CLAUW
Prix Marine Bravo Zulu « Livre » 2018
Invité du Comité de lecture
29/05/2022

DAMIEN – L’Empreinte du vent
Gérard Janichon – Vincent
Glénat / Vents d’Ouest

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