Tant qu’il reste des îles

Imaginez une île, pas trop loin de la côte, desservie par des bacs. Un pont est en cours de construction depuis le continent. Une large concertation organisée par les pouvoirs publics et l’entrepreneur a précédé le début des travaux. La majorité des îliens consultés s’est prononcée en faveur du pont. Mais au fur et à mesure de la construction, certains se rendent mieux compte des spécificités de leur île qui vont disparaître lors de la mise en service du pont. Le café du village sera envahi par les touristes. La criée disparaîtra, et il faudra passer le pont pour aller vendre le poisson. Le petit chantier naval local fermera ses portes, concurrencé par les établissements du continent, plus rentables. Les bacs cesseront leurs navettes. « Ce pont, c’est la mort de la poésie ».

Nous entrons doucement dans la vie de ces îliens, dont l’auteur dévoile l’existence par petites touches subtiles. Bientôt, leur vie passée et actuelle nous devient aussi réelle que s’il s’agissait de vieux amis très proches. Nous participons à la montée de la révolte contre le pont chez certains, à la résignation chez les autres. Mais quelle que soit leur manière de réagir, ils restent solidaires et liés par tout ce qu’ils ont vécu ensemble depuis leur petite enfance, à l’école, sur le plan d’eau, au café du village. Ils sont célibataires, en couple ou séparés, cherchent à construire ou reconstruire leur vie. Ils ont du travail ou en cherchent. Tous leurs destins se croisent et se rejoignent autour de leur vision du futur pont et du devenir de leur île.

La situation se tend lorsqu’un blocus est décidé. Le chantier s’arrête et les pertes s’accumulent. Lors d’une tentative de déblocage par les forces de l’ordre, l’un des chalutiers coule au pied du pont. Une contre-manifestation dégénère. L’intrigue est soutenue et intelligemment déployée. Le style d’écriture est fluide et agréable à lire. C’est un bon roman.

Les Avrils, l’éditeur, est une émanation littéraire des éditions Delcourt, jusqu’alors plus engagée dans la BD et les mangas. La ligne éditoriale adoptée par ce nouvel acteur de l’édition semble prometteuse. Souhaitons-lui bon vent.

Martin Dumont connait la mer et aime la voile. Il a fait des études d’ingénieur et est actuellement architecte naval. Tant qu’il reste des îles est son deuxième roman. Le premier, Le Chien de Schrödinger, a été publié par les éditions Delcourt et vient de sortir en Folio.>>

LV(H) Dominique RENIE
09/05/2021

Tant qu’il reste des îles
Martin Dumont
Editions Delcourt – collection les Avrils

Voir également la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE et la recension du LV(H) Bruno LEUBA

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