L’Atlantique en eaux troubles

En novembre dernier, tous les amoureux de la voile suivaient le Vendée Globe en temps réel ; certains s’étaient même, si l’on peut dire, jetés à l’eau sur Virtual Regatta. Tous vivaient par procuration les sensations des marins exceptionnels lancés dans la compétition. Jean-Yves Chauve, médecin du Vendée Globe, skipper professionnel, moniteur de voile, propose dans son roman « l’Atlantique en eaux troubles » de prendre à nouveau la mer pour une grande course et d’y affronter non seulement les dangers de la voile et de la navigation, mais aussi les risques liés aux trafics inquiétants organisés par des aventuriers sans scrupules sur les routes marines.

Une course autour du monde en solitaire est partie de Plymouth. Manu, skipper d’Univervie, rencontre une terrible tempête dès le golfe de Gascogne, et son bateau va couler. Aux Açores, Nicolas, plaisancier qui arrive des Caraïbes sur son voilier le Séréno, embarque Caroline, une jeune équipière. Tous deux s’apprêtent à gagner le Crouesty pour ce qui devrait être une belle croisière. Caroline, pourtant, n’est pas à l’aise car Nicolas semble cacher quelque chose. Au cœur de la tempête, au milieu des mensonges et des illusions, la mer et les hommes seront impitoyables pour les uns et les autres. Les rebondissements seront nombreux jusqu’à la fin et nous en suivons le déroulement en brefs chapitres au titre toujours prometteur.

Et ainsi nous sommes à bord avec Manu et l’eau monte ; nous rejoignons le PC Course où l’inquiétude est grande ; nous accompagnons Isabelle, la compagne de Manu, angoissée, ses préparateurs et son sponsor, tendus ; nous vivons, à bord du Séréno, un joli départ des Açores avant que l’ambiance ne se gâte ; nous grimpons à bord des avions qui assurent la surveillance et la sécurité ; enfin nous rencontrons de troubles personnages aux intentions pour le moins douteuses. Les oiseaux de mer accompagnent les marins, les drisses se coincent, la grand-voile s’affale, il faut monter dans le mât, matosser, soigner des blessures, affronter la solitude et la peur. Le golfe de Gascogne et ses houles déferlantes amplifiées par les montagnes et les quatre-vingts canyons sous-marins mentionnés par l’auteur, sont plus menaçants que jamais.

Jean-Yves Chauve a réussi un cocktail savoureux : il associe de manière très plaisante une sombre histoire échevelée à une course autour du monde qu’il décrit de l’intérieur avec toute sa passion de la voile et son expérience, tant médicale que maritime.

Ce n’est pas un hasard s’il cite Bernard Moitessier en exergue de son livre : « J’écoute la mer, j’écoute le vent, j’écoute les voiles qui parlent avec la pluie et les étoiles dans les bruits de la mer et je n’ai pas sommeil ».

Car c’est bien la mer qu’on entend en lisant ce livre rose et noir, comme seul peut l’être un ciel de mer, un soir d’orage.

LV(H) Bruno LEUBA
27/05/2021

L’Atlantique en eaux troubles
Jean-Yves Chauve
Glénat

Voir également la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE

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