Pionnières – Anita Conti

Pour le premier tome de sa nouvelle collection sur les femmes pionnières, les éditions du Soleil place la barre haute en nous faisant revivre l’histoire d’une fabuleuse aventurière et scientifique, première femme à embarquer pour des expéditions scientifiques maritimes. Peu connue du grand public, Anita Béatrix Marthe Caracotchian (épouse Conti) , naît en 1899 à Ermont dans le Val d’Oise. Première femme océanographe française elle s’avère être une avant-gardiste non seulement par les métiers qu’elle exercera, réservés jusqu’alors aux hommes, mais également par sa vision écologiste et humaniste de la mer comme source de richesses à protéger. Elle s’efforcera également d’être une lanceuse d’alerte sur la surexploitation des espèces de poissons.

L’histoire commence à la fin de l’été 1906 sur les côtes normandes. Les Curie sont de passage et Anita répond à Marie Curie qu’elle admire qu’elle ne souhaite pas être savante mais naviguer. Anita à 7 ans ! Mais ses amis fils de pêcheurs ne manquent pas de lui rappeler que « une femme a bord ça porte malheur »… 2 planches et 28 ans plus tard nous la retrouvons à Paris, mariée à Edouard-Marcel Conti, attaché d’ambassade à Vienne, épousé en 1927, au moment où elle pense abandonner la reliure d’art pour se consacrer à ses articles sur les richesses de la mer et la pêche publiés dans des revues féminines. Elle est pleine d’espoir en cette veille de rendez-vous avec Edouard Le Danois. Celui-ci, océanographe et directeur de l’Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes à Paris lui propose un poste de documentaliste puis d’attachée de presse. Fort appréciée elle finit par parvenir à embarquer sur le «Théodore Tissier» partant en expédition dans l’Atlantique Nord et jusqu’à Terre Neuve.

À partir de ce moment le rêve d’Anita prend forme. De chroniqueuse elle devient photographe, cinéaste et scientifique à la recherche perpétuelle de la compréhension des fonds marins et de leur faune, de l’optimisation de la pêche et de l’amélioration des conditions locales de pêche et des procédés de conservation. Elle dresse les premières cartographies marines dédiées à la pêche. Octobre 1939, la guerre arrive, Anita est sollicitée par la Marine Nationale pour s’embarquer sur un bâtiment militaire français en qualité de photographe de bord. Objectif officiel : quantifier les zones de pêche aux harengs, objectif officieux apprendre à désamorcer les mines allemandes puis à partir de mars 1941 trouver de quoi nourrir la population privée de ses zones de pêche habituelles ce qui la conduira en Afrique du Nord. Il lui faudra un décret pour être la première femme à s’embarquer !

 Anita restera en Afrique jusqu’en 1952 à étudier les modes de pêche locaux avant de partir poursuivre ses recherches jusqu’au Groenland. Les deux dernières planches nous résument les 45 ans suivants faits d’explorations, d’embarquements (Calypso de Cousteau…) et ses travaux de pionnières sur l’aquaculture.

Nathaniel Legendre et Luca Blengino  ont choisi de se concentrer sur les dix années charnières de la vie d’Anita Conti qui lui permirent de faire ses preuves et être reconnue (1934/1945). Les dessins classiques de Katia Ranalli, illustratrice italienne, participant à sa première bande dessinée et les couleurs pastel un peu « passées » de Daniel Florent nous restituent bien ce passé proche avec ses nombreux préjugés et interdits sur les femmes mais aussi les hommes novateurs tels Edouard Le Danois qui lui donna sa chance à l’Office…. Et à part Marie Curie pas une seule autre femme en 47 planches ! La bande dessinée est complétée par un dossier illustrant son portrait et sa vie Les deux premières pages admiratives sont écrites par son fils adoptif le plasticien Laurent Girault-Conti.

Bateaux, écoles primaires, collèges et lycées, médiathèques, rues portent son nom. Elle laisse derrière elle des livres, des films et plus de 45 000 clichés en noir et blanc. Malgré ses exploits la dame de la mer fut refusée en 1984 par l’académie de Marine qui n’avait alors jamais accepté de femme…. et en plus sans diplôme !

Muriel JOYEUX
28/08/2020

Pionnières – Anita Conti
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