Les naufragés de la Méduse

Restauration. La noblesse d’Ancien Régime est de retour d’exil. Hugues Duroy de Chaumareys, qui a bénéficié d’un décret de 1815 lui permettant d’obtenir le grade et la pension de capitaine de frégate, se voit confier le commandement de la Méduse, alors qu’il n’a plus navigué depuis 25 ans. Son incompétence et l’esprit de Cour qui règne à bord conduisent au naufrage que l’on sait, à l’abandon d’une partie de l’équipage sur un radeau de fortune. Les rares rescapés seront recueillis par les anglais et rapatriés. A Paris, le procès qui s’ensuivra fera la une des gazettes et stupéfiera la population. Il attirera l’attention d’un jeune peintre, Géricault. Le jeune homme, à la vie personnelle déjà agitée, consacrera deux ans de sa vie à la création d’une œuvre monumentale. Ce dont il ne sortira pas indemne. 

Nul n’ignore l’épisode du naufrage de la Méduse. Nombreux sont ceux qui connaissent la période de trouble politique et social à laquelle il s’est  produit. Plus rares sont ceux qui savent dans quelles conditions Géricault a bâti son œuvre, Scène d’un naufrage, désormais unanimement connue sous le nom du Radeau de la Méduse.

C’est en mêlant les deux récits, celui du naufrage et celui de la création du tableau, que cet ouvrage trouve tout son intérêt. Documenté tant sur le naufrage – les mémoires des officiers ayant témoigné au procès sont relatés fort à propos -, que sur les tourments de l’artiste – pression politique, vie sentimentale compliquée, et recherche sur les corps et la chair tournant à l’obsessionnelle folie – le scénario donne à voir un espace-temps révolu mais passionnant.

Le dessin de Bordas, bien qu’un peu sombre – mais pouvait-il en être autrement compte tenu du sujet – et usant de tons pastels, est assez réussi. Il porte bien les angoisses des personnages, ceux des naufragés bien sûr, comme ceux du jeune peintre. Les naufragés de la Méduse est un one-shot de qualité, qui gagne à être lu et relu durant l’été et conservé bien au-delà. Il ravira les amateurs d’histoires, qu’elle soit d’art ou maritime.

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
15/07/2020

Les naufragés de la Méduse
Jean-Sébastien Bordas et Jean-Christophe Deveney
Edition Casterman – juin 2020

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