Les secrets de l’expédition de Suez – 1956

Pour ceux qui ont vécu cette période et les événements qui l’ont marquée, cet opuscule leur remettra en mémoire les dessous de cette affaire. Pour ceux de la génération suivante, intéressés par l’histoire de la montée du Tiers-Monde et de la Guerre froide, l’épisode de Suez ainsi présenté sera précieux.
Le titre aurait pu être : GUY MOLLET, L’HOMME CLÉ DE SUEZ ou GUY MOLLET, LE SAUVEUR D’ISRAËL. En effet l’auteur, secrétaire général de l’Office universitaire de recherche socialiste, s’intéresse plus particulièrement au rôle de Guy Mollet et des Socialistes au gouvernement. Il met en avant leur volonté profonde de ne pas céder à Nasser, le nouvel Hitler, d’éviter de reproduire les renoncements fatals de 1936-1938 et surtout d’empêcher l’exalté Egyptien de prendre la tête du Monde arabe et de détruire Israël.
Le premier chapitre retrace l’histoire du Canal jusqu’au coup de force marqué par le fameux rire de défi de Nasser. Les trois chapitres suivants, le chemin long et difficile pour conduire les britanniques à adopter une position claire et déterminée, à mettre les Israéliens dans le plan, à faire fi des réticences américaines et à préparer les opérations. Les Britanniques assuraient les commandements terre, air, marine avec des adjoints Français qui subissaient leur peu d’enthousiasme. Il fallait aussi équiper et soutenir Israël tout en s’assurant qu’il ne « dépasserait pas les bornes ». Réunions secrètes, conférences, échanges de notes, négociations laborieuses aboutiront au protocole secret du 24 octobre 1956 signé par Christian Pineau, David Dean et Ben Gourion. Les opérations allaient commencer dès le 29 par l’attaque israélienne, permettant de mettre en place un « prétexte » pour que les Franco-Britanniques agissent.
Les opérations elles-mêmes ne représentent qu’une vingtaine de pages, mais font apparaître les images qui ont fait les unes de la presse : Chaussures égyptiennes parsemant le Sinaï, reddition d’un destroyer égyptien sous les coups du Kersaint, parachutistes français du 11ème Choc, Mystères IV en action…Les pages suivantes relatent la pression internationale, principalement américaine et russe, les résolutions de l’ONU, qui aboutiront à la cessation des opérations et au retrait des Britanniques, des Français et, partiellement, des Israéliens.
Ayant déjà abordé le rôle joué par l’affaire algérienne dans les motivations françaises, l’auteur évoque aussi les conséquences du fiasco de Suez sur les événements de mai 1958. Il regarde aussi la part essentielle prise par la France dans la mise en place du « nucléaire israélien ». Dans sa conclusion Denis Lefebvre estime que l’échec franco-britannique est largement compensé par le fait qu’Israël a été sauvé et continue d’exister. Guy Mollet s’en est longtemps félicité.
Une citation mérite d’être lue : Celle du Général de Gaulle, répondant à Guy Mollet qui se réjouissait de voir le Général approuver l’action de son gouvernement pour contrer Nasser : « Vous avez eu raison, certes, Monsieur le ministre d’Etat, sauf sur un point. Vous avez placé notre corps expéditionnaire sous commandement britannique. Sachez que les Anglo-Saxons n’ont jamais les mêmes motifs et rarement les mêmes objectifs que nous. Et ils sacrifient toujours leurs alliés ».

CF(H) François TESSON
16/03/2020

Les secrets de l’expédition de Suez 1956
Denis Lefebvre
CNRS Editions

Voir également la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE

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