Le Canal de Suez et l’Empire ottoman

Percé en une dizaine d’années de 1859 à 1869, sous la direction de Ferdinand de Lesseps, le Canal de Suez est considéré comme une des réalisations majeures du génie humain.

 L’histoire de sa construction a fait l’objet de nombreuses publications. Il existe toutefois un domaine qui a moins que d’autres retenu l’attention des historiens, à savoir le comportement de celui que l’on pourrait, à juste titre, qualifier de propriétaire du terrain : l’Empire ottoman. Faruk Bilici s’est attelé à l’ouvrage avec toute l’érudition et la rigueur que l’on pouvait attendre d’un historien spécialiste de l’Empire ottoman et de la Turquie contemporaine.

C’est que l’affaire n’est pas simple. Tout au long des négociations qui ont précédé durant de longues années l’octroi du « permis de construire », Ferdinand de Lesseps, qui savait pouvoir compter sur le soutien inconditionnel de l’empereur Napoléon III, a en effet affecté de ne négocier qu’avec le vice – roi d’Egypte, vassal du sultan.

Après des décennies d’une histoire mouvementée, la participation active de la marine égyptienne à la Guerre de Crimée avait apaisé les relations entre le gouvernement turc et cette province toujours un peu particulière qu’était l’Egypte, mais la Sublime Porte n’en était pas moins partagée entre des points de vue contraires.

S’agissant de l’Egypte, elle craignait, non sans raisons comme l’avenir le montrera, que le percement d’un canal maritime séparant matériellement l’Egypte du reste de l’Empire ottoman ne rende illusoire la souveraineté déjà contestée du sultan sur ce territoire et n’ouvre la porte à une domination occidentale.

Elle devait également prendre en compte les ponts de vue opposés des deux puissances occidentales qui comptaient à l’époque en Méditerranée occidentale : La France et l’Angleterre.

L’Angleterre était farouchement opposée à une opération dans laquelle elle voyait une menace grave à la sûreté de la sanctissime Route des Indes.

La France pour sa part soutenait le projet et le sultan pouvait difficilement ne pas donner satisfaction au pays qui n’avait pas hésité à prendre la tête d’une coalition qui venait de réduire à néant les ambitions de la Russie sur le contrôle des Détroits.

Il faudra des décennies de procès, d’arbitrage et de polémiques pour que l’affaire en arrive à sa conclusion.

CV(H) François – Emmanuel BREZET
26/03/2020

Le canal de Suez et l’Empire Ottoman
Faruk BILICI
CNRS Editions

Voir également la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE

Bonus : Podcast de l’interview de Faruk BILICI par Jose Manuel Lamarque pour Chronique Littorale sur France Inter

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