Le Jour de Tarowean

C’est le troisième album du duo espagnol Canales/Pellejero et c’est leur troisième réussite. Ils ont le talent qui va bien pour reprendre le flambeau d’Hugo Pratt et continuer les aventures de Corto Maltese, marin à l’élégance mystérieuse, sans attaches trop fortes et donc libre comme la mer.

Pratt avait laissé le champ des possibles ouvert et ses continuateurs ne se sont pas privés pour ce quinzième album de la saga, de plonger notre héros aux traits de Burt Lancaster, au cœur du Pacifique, entre la Tasmanie et Bornéo, entre les îles Escondida, fief du moine fou et San Eugenio que dirige Goravaka. Comme d’habitude, le vrai et le faux se mêlent comme se mêlent l’Histoire et  les histoires. On nous balade de points de repères en faux indices, dans un tourbillon d’évènements entre mythes et réalités au milieu desquels Corto promène sa longue silhouette désinvolte de faux égoïste au grand cœur, qui prend toujours parti de défendre les causes justes.

Un album de Corto Maltese ne se raconte pas, le scenario est volontairement compliqué voire confus à dessein. Corto libère le jeune canaque Barboose alias Hauki et, avec son faux-ami Raspoutine il part défendre les indigènes contre les colons planteurs d’hévéa qui pillent leurs ressources de gutta-percha. A la demande du moine fou plus pirate que dément, il rejoint l’île de San Eugenio dont en fait Hauki est le prince exilé par son père Goravaka qui le croit porteur de malheurs.

Corto observe, regarde, agit peu et n’établit aucune hiérarchie entre les différentes cultures rencontrées.Il sera in fine jeté à la mer le jour de Tarowean, les bras en croix attaché à un radeau de fortune et bientôt sauvé par…Raspoutine et le moine fou.

Mais ça c’est une autre histoire, celle de la Ballade de la Mer Salée, premier album de Pratt où apparaît Corto Maltese. On ne peut s’empêcher de penser à George Lucas dont les derniers épisodes de Star Wars relatent des faits antérieurs aux premiers de la série. La boucle est bouclée. Les dialogues donnent le ton à la mise en couleur de l’album, la couleur des planches et parfois son absence soutiennent le scenario, tout comme s’est ingénié à le faire Hugo Pratt, ce maître du Fumetto qui de l’au-delà peut regarder avec fierté les continuateurs de son œuvre majeure.

CF(H) Alain M. BRIERE
07/02/2020

Le Jour de Tarowean
Corto Maltese (d’après Hugo Pratt)
Juan Diaz Canales (scenario) – Rubén Pellejero (dessins)Editions Casterman 2019

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