Atlas des fortunes de mer

Les zéphirs se donnent aux flots / Les flots se donnent à la lune / Les navires aux matelots / Les matelots à la fortune *. Dame Fortune est pourtant loin d’être toujours bienveillante aux matelots, c’est ce qui ressort de l’excellent « Atlas des fortunes de mer » que Cyril Hofstein, historien de formation, grand reporter au Figaro Magazine de métier et officier de Marine de réserve vient de publier aux éditions Arthaud.

Ce livre – remarquablement mis en page – est illustré des cartes élégantes réalisées par Karin Doering-Froger, professeur d’art graphiques aux Ateliers de Sèvres.

C’est un livre écrit par un historien, qui relate les évènements et les replace dans leur contexte avec beaucoup de précision. Les 31 fortunes de mer qui y trouvent leur place sont parfois entrées dans l’imaginaire collectif depuis longtemps : le naufrage lors de la guerre de Crimée de la Sémillante, qu’Alphonse Daudet raconta dans « Les lettres de mon moulin »,  le duel du CSS Alabama et de l’ USS Kearsarge au large de Cherbourg, que Manet illustra, ou, en 1759 le naufrage du Thésée  – soixante-quatorze canons – lors de la désastreuse bataille des Cardinaux, pour avoir tenté un virement de bord, les sabords de sa batterie basse ouverts.

D’autres, pour être moins connues, sont tout aussi poignantes : en particulier la disparition en 1845, avec tous leurs équipages, des HMS Erebus et Terror, partis avec John Franklin vers « la mer libre du pôle », dont longtemps, ne subsista que le souvenir transmis par les chants des Inuits.

Une note hilarante bienvenue est néanmoins apportée par la mésaventure de Michel Chasles, mathématicien connu par la relation éponyme. Un escroc l’avait convaincu d’acheter d’innombrables autographes, lettres et manuscrits – lettre de menace de Caïn à Abel ou missive de Judas Iscariote à Ponce-Pilate, par exemple – qu’il disait rescapées du naufrage d’un imaginaire navire.

Tous ceci est relaté dans le style agréable d’un auteur, déjà distingué par le prix Marine Bravo Zulu 2018, catégorie « Beau livre » pour le texte de l’ouvrage « A bord du Charles de Gaulle » (E/P/A éditions), qu’il réalisa avec Benjamin Decoin. Il a l’expérience de la navigation et sait le poids des mots.

On se prend vite à zapper d’un chapitre à l’autre tant on a envie de savoir ce qui s’est passé réellement lors de l’incendie du paquebot Georges Philippar ou ce que recouvre le mystère des tableaux perdus de la Grande Catherine.

Bref, tout ceci est fort passionnant. On ne s’arrête qu’une fois dévorés, en ordre dispersé, ces 31 épisodes, pour en recommencer immédiatement la lecture, cette fois-ci de façon ordonnée. *Théophile de Viau, 1590 -1625

CF(H) Jean-Paul BILLOT
Président, comité du prix littéraire de l’ACORAM
17/11/2019

Atlas des fortunes de mer
Cyril Hofstein
Arthaud

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