XIXe siècle, côte ouest du Chili. Instruite par un vieux cachalot, une baleine blanche est chargée de protéger les morts des Amérindiens Mapuche, les Lafkenche, puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l’horizon. Elle veille ainsi sur les eaux de l’île Mocha. Tout est prévu et écrit dans le temps des mythologies. Cependant l’homme, qui colonise peu à peu les océans, vient troubler ce dessein. L’homme qui utilise la graisse de baleine pour son éclairage. L’homme qui désormais accentue la pêche au harpon et la pression sur les cétacés. L’homme qui ne respecte rien. La baleine blanche va devoir défendre son monde contre ces prédateurs, qui tuent pour « une lumière » que les cétacés ont en eux. Elle va livrer une guerre sans merci aux navires qu’elle croise, notamment contre le baleinier Essex. Et devenir ainsi Mocha Dick, une légende. Un grand mythe de la littérature.

Luis Sepulveda remonte aux origines de Moby Dick et donne le point de vue de la baleine blanche. Face aux turpitudes des hommes, face aux prélèvements immondes qu’ils font sur les mers, il n’y a d’autre choix que de se battre. Luis Sepulveda « qui sait entendre les histoires qui flottent entre mer et ciel », a tissé un conte à sa manière. Le texte, qui manie légende et sagesse, ainsi que l’onirisme propres aux sud-américains, est d’une grande poésie : il se lit autant qu’il s’écoute.

Joëlle Jolivet magnifie cette histoire en l’accompagnant de dessins à l’encre de Chine délicats et inspirés. Histoire d’une baleine blanche est un roman jeunesse, dont le souffle épique devrait séduire toutes les générations.

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
13/10/2019

Histoire d’une baleine blanche
Luis Sepulveda
Editions Métaillé – 12 septembre 2019