L’Homme des phares

Qui ne connaît à Toulon la villa Michel Pacha, l’Institut Michel Pacha de biologie marine, et le domaine maintenant morcelé et résidentiel ? Celui-ci ne compta pas moins de soixante-dix villas, châteaux, hôtel, belvédère, poste et casino, un parc, et même un embarcadère pour relier Tamaris à Toulon !

En écrivant L’Homme des Phares, l’auteur a pris la précaution de baptiser son livre « Roman » et de le sous-titrer « La vie très riche et très romanesque de Michel Pacha ».

Très riche, incontestablement, romanesque …

C’est là que le qualificatif de « roman » devient utile. Car Yves Stalloni n’a pas écrit une biographie de « Blaise » Marius Michel, devenu Pacha par la grâce du Sultan Abdülhamid II, et comte Michel de Pierredon par celle du Pape Léon XIII ; pour écrire son roman, il s’appuie sur la vie d’un enfant de Saint-Nazaire (Sanary – Sant Nàri -, dont il sera le maire, changera de nom en 1890), devenu marin parce que Papa l’était.

Tous les ingrédients du roman sont là : une écriture agréable, des repères exacts, précis, détaillés, qu’il s’agisse des lieux, des moments ou des hommes, et une intrigue. L’intrigue, en grande partie inventée, et qui lie les étapes de la vie du Pacha, voit la transformation progressive d’un enfant en marin, puis en entrepreneur et homme d’affaires richissime, notable dans son pays et chez l’Ottoman, acceptant les honneurs. L’auteur veut nous faire partager son ambition et un certain sens du devoir. Il veut aussi nous faire accepter l’image d’un homme sensible et aimant (Louise, son amour d’enfance – a-t-elle seulement existé -, Fatmé la maîtresse stambouliote, Amélie la fille chérie disparue à quinze ans, Jeanne la deuxième épouse, de trente-huit ans plus jeune et née la même année qu’Amélie, …), marqué par le malheur : la mort de l’épouse, de la maîtresse, de la fille, puis du fils … L’image aussi d’un homme généreux, à l’excès même, tourné vers les autres, mais finalement bien seul.

La mer, toute sa vie durant, marquera ce qu’il entreprend : ses embarquements, la conquête de l’Algérie, le renoncement à l’Ecole Navale, le brevet de capitaine au long cours, la naissance des messageries Royales puis Impériales, les phares dont il va équiper l’Empire Ottoman, de la mer Egée à la Mer Noire et à la Mer Rouge, l’aménagement des quais et du port de Constantinople, mais aussi le petit port de Saint-Nazaire et bien entendu l’aménagement complet de la corniche de Tamaris, sur la rade de Toulon. Il échouera juste à convaincre de creuser un canal reliant le fond de la rade de Toulon (Brégaillon) à la rade de Sanary pour offrir aux navires une issue de secours !

Difficile à la fin de dire quel homme fut vraiment Michel Pacha : certainement un homme de son temps, ambitieux, visionnaire et réussissant ce qu’il entreprend (la France de la seconde moitié du XIXème siècle est riche et dynamique, elle investit), un homme recherchant les honneurs, très probablement, mais sans doute un peu moins « bon père de famille » que l’image que veut en donner l’auteur.

Un livre à lire si l’on ignore la vie de cet homme.

CV(H) Jean FOSSATI
19/09/2018

 

L’Homme des phares
Yves Stalloni
Sudarènes

 

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