Le Magenta

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1875, un incendie se déclara à bord du Magenta, bâtiment amiral de l’escadre de la Méditerranée, mouillé sur coffre dans la petite rade de Toulon. Très rapidement le bâtiment s’embrasa et vers 3h30 une soute à poudre explosa, dispersant des débris de toutes sortes et brisant les vitres par toute la ville. On dénombrera 6 disparus parmi les 600 membres d’équipage.

Le Magenta était une frégate cuirassée à éperon de 52 canons, construite à Brest sur les plans de l’ingénieur Dupuy de Lôme. Elle fut lancée en 1861 et admise au service actif en 1863. C’était un bâtiment de transition avec une coque en bois, recouverte d’un blindage de plaques d’acier, percée des sabords de deux batteries et dotée d’une propulsion mixte alliant une voilure de trois-mâts barque à une machine à vapeur entrainant une hélice. La Marine récupéra tout ce qui avait de la valeur, puis l’épave qui se situait à peu près dans l’axe des actuels Grands Bassins Vauban fut rapidement démolie pour ne pas gêner les mouvements sur la rade.

Mais le Magenta renfermait un trésor archéologique. Lors d’une escale à Tunis fin septembre 1875, l’amiral commandant en chef l’escadre avait accepté d’embarquer à bord 46 caisses contenant des stèles puniques et des statues romaines provenant du site de Carthage. Toutes ne furent pas récupérées après le naufrage et c’est dans l’espoir de retrouver les pièces manquantes que le GRAN – Groupe de Recherches en Archéologie Navale, alors dirigé par Max Guérout, réalisa entre 1994 et 1998 plusieurs campagnes de fouilles sur le site de l’épave.

Cet ouvrage est un rapport scientifique et technique résumant les travaux préparatoires, les travaux de fouilles proprement dits et l’analyse des résultats. Tout y est minutieusement décrit : l’historique du Magenta, son journal de bord, la recherche et la localisation de l’épave. De même l’architecture et les technologies de construction navale, l’artillerie et les munitions sont étudiées à partir des pièces retrouvées. Une grande place est consacrée aux objets de la vie quotidienne, donnant un aperçu des usages pour se soigner, manger, s’habiller, se distraire à cette époque. La présence à bord d’un bâtiment de la Marine française de bouteilles d’eau gazeuse portant l’inscription « Soda water maker, to Her Majesty the Queen » montre que l’Entente Cordiale Franco-Britannique était bien réelle. Enfin un chapitre est consacré à l’identification et à la conservation des pièces archéologiques : des stèles et des fragments, notamment la face de la statue de l’impératrice Sabine épouse de l’empereur Hadrien, remontée en 1875.

L’ouvrage est truffé de nombreux plans et illustrations, malheureusement trop petits pour être lisibles, ce qui lui fait perdre beaucoup de son intérêt. A cette époque, les grands journaux comme Le Monde illustré, l’Illustration et d’autres n’utilisaient pas encore la photographie mais des gravures pour illustrer leurs articles. C’est un art populaire très caractéristique que l’on ne fait qu’entrevoir.

 

CV(H) Gérald BONNIER
06/06/2018

 

Le Magenta.
Du naufrage à la redécouverte.
Max Guérout et Jean-Pierre Laporte.
CNRS Editions

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