« Le grand fleuve » Tome III : « L’ile aux canes »

Au terme de « Vent de Mar », tome 2 du « Grand Fleuve », Jean Tambour, devenu légitime propriétaire de la gabarre éponyme pensait voir s’ouvrir, pour lui et son ami Gustave un paisible avenir de navigations sur la Loire.

C’était compter sur la marche sournoise du progrès…

Dès 1783, le marquis de Jouffroy d’Abbans essaye sur la Saône son nouveau pyroscaphe. En 1803 Robert Fulton suit ses traces sur la Seine. Edward Church, consul des Etats-Unis à Lorient, s’appuyant sur la technologie anglaise des machines à vapeur Watt et Boulton, fait,  dès 1822, naviguer un premier bateau à vapeur sur la Loire. Il sera suivi de plusieurs autres.

La compétition est ouverte avec la navigation traditionnelle et la route de nos héros va fatalement croiser le sillage de ces « arracheurs de persil », dont les fumées noires polluent l’atmosphère.

Comme dans les deux volumes précédents, l’intrigue – centrée cette fois-ci sur la recherche d’une machine à vapeur dérobée au consul Church – est alerte. On retrouve avec plaisir la charmante Marie, devenue une redoutable business woman, bien décidée à faire fructifier son héritage dans la navigation à vapeur, tout en prenant la vie comme elle vient en compagnie de Jean Tambour, dont le fleuve l’a rapprochée.

Des personnages déjà bien connus sont présents, avec leur trogne et leur langage truculent : les frères Leonard, malfaisants décidément dépourvus de talent, l’ex-canonnier Fine-ardoise, le mousse P’tit marquis et sa fronde… d’autres prennent l’intrigue en marche : le postillon Piron, un mystérieux colporteur que l’on espère retrouver plus tard, au fil du fleuve. Et puis, il y a Gustave, dont le personnage s’affirme. Il aura bien du mal à se sortir des mains d’une redoutable équipe de lavandières, dont les expressions n’ont rien à envier à celles utilisées par leurs comparses masculins.

Et puis il y a la Loire – où la navigation traditionnelle n’est décidément pas tout repos – survolée d’oiseaux aquatiques et peuplée d’excellentes anguilles et de gigantesques silures.

La tradition se heurte au modernisme. La fin de l’épisode est douce-amère…

Nous verrons bien ce qu’il adviendra de tout ce petit monde dans les deux volumes suivants, dont le dernier « L’été de la Saint-Martin » n’avait jamais été terminé.

Pour mémoire : la rivalité entre les deux modes de navigation se poursuivra jusqu’à l’ouverture de la ligne de chemin de fer Angers-Nantes, qui mettra tout le monde d’accord.

La Loire retrouvera alors son calme…

CF(H) Jean-Paul BILLOT
10/07/2017

Le grand Fleuve
Tome 3 : « L’île aux canes »
Serge Aillery – Jean-Luc Hiettre
Editions Paquet

Voir aussi les recensions du tome 1, du tome 2, du tome 4 et du tome 5

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