Les égarées de la Marine

Il est bien difficile, pour un vieux lecteur, de commenter le roman traitant d’un aspect, vu par une femme, de la féminisation de notre Marine.

De « son temps », en effet, en dehors de quelques « PFAM » dans les bureaux à terre, guère de jupes dans l’Armée de Mer, et surtout pas à bord des embarcations de l’Etat. Les « ELINT » croisés lors d’exercices OTAN, ces chalutiers supposés soviétiques ou polonais, truffés d’antennes et de radars, attiraient toujours l’attention et l’intérêt de nos équipages, quand des rangées d’hommes et de femmes apparaissaient le long de leurs lisses rouillées, mitraillant nos bâtiments de leurs appareils photos. Ces marines, soi-disant de commerce, étaient bien les seules alors à accueillir des femmes à leurs bords. Il faut dire aussi que ces navires espions passaient des mois, voire des années en mer à surveiller ainsi les marines occidentales, sans toucher terre. Depuis, tout a changé : la sacro-sainte parité est désormais la règle et, pas à pas, même les institutions militaires sont priées de s’y plier progressivement.

L’auteur (je récuse le barbarisme paresseux d’«auteure» préconisé de nos jours), Virginie Plasowa, a, elle-même effectué un contrat court de quelques années, dont 4 embarquée, de commissaire dans la Royale. Reconvertie maintenant dans l’enseignement, elle a publié cet ouvrage dont, pour le moins, on ne peut dire qu’il fait l’éloge de la féminisation à bord de nos bâtiments. Il est en outre un plaidoyer contre la velléité qu’aurait une jeune femme de se laisser séduire par un officier de Marine.

Il s’agit du destin croisé de deux jeunes femmes : une parisienne au physique quelconque, Marjorie, dont l’appel de la mer et la réussite en études, lui a permis d’intégrer le corps des officiers de Marine. Hélas, c’est pour découvrir, d’abord, qu’elle ne supporte ni le roulis ni le tangage, ce qui soumet le lecteur aux nombreux détails de séances peu ragoutantes de vomissure, ensuite, que sa mission d’officier pont avait peu d’attrait pour elle, ce qui, combiné à ses nausées permanentes, ne l’aidait guère à affirmer son autorité sur ses hommes, plus au fait qu’elle des réalités de la navigation et, enfin, elle qui cherchait surtout le prince charmant dans cet univers clos, s’est trouvée en butte aux sarcasmes de ses collègues. La deuxième jeune femme, une russe sculpturale, Marie, a été sortie des bordels de luxe de Dubaï par le supérieur direct de Marjorie et pour lequel celle-ci « en pince », Adrien, fils d’une riche famille aristocratique, laquelle déteste sa belle-fille, même si elle ne connaît pas son passé.

Adrien, comme tous les officiers de Marine, selon l’auteur, ne rentre que pour mettre sa femme enceinte et s’empresse de repartir courir les mers (et les bordels) du globe !

Je laisserai le lecteur éventuel dénouer l’écheveau de ce roman, bien repli de poncifs (les méchants riches, les bons pauvres, les vilains hommes, les douces jeunes filles, les règlements militaires qui ne prennent guère en compte les émois du personnel féminin…). Au total, un auteur femme qui, après en avoir fait personnellement l’expérience, ne semble pas convaincue par la féminisation de la Marine.

CF(H) J.M. CHOFFEL
05/06/2017

« Les égarées de la Marine ».
Virginie Plasowa (Auteur et illustrateur)
L’Ancre de Marine

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