Je n’étais pas la bienvenue

Dès le premier abord, le titre appelle l’attention : s’agit-il d’un habile marketing ou bien y-a-t-il anguille sous roche ? Les choses vont s’éclaircir peu à peu…

Après avoir attendu longtemps le feu vert de l’Etat-Major de la Marine, « Madame Guibert » – son appellation à bord – embarque sur le Perle, sous-marin nucléaire d’attaque, pour une patrouille en Méditerranée et dans l’Atlantique. Nathalie Guibert est correspondante Défense au journal Le Monde. Elle est familière de l’enfermement et de la vie en condition carcérale. Elle sera la seule femme à bord.

Elle explique clairement combien la vie des sous-mariniers est austère, inconfortable matériellement comme psychologiquement. Elle peint avec talent l’abnégation, le professionnalisme et l’héroïsme des équipages, dont elle donne acte, avec élégance.

Respectant à la perfection les consignes de secret donnés par la Marine, son livre n’aborde absolument aucun aspect technique ou tactique.

Alors reste l’humain. Mais la tâche est rude, pour sonder des hommes durs et lisses comme des galets.

Cela se passe sans heurts, sans jamais un mot plus haut que l’autre (les marins sont déjà peu diseux et les sous-mariniers sont experts en la matière).  Malgré sa détestation des « cathos » ou ses réflexions sur le cinéma japonais dont elle nous fait part, son immersion se passe bien… mais l’huile et l’eau restent immiscibles.

Ses efforts sont intenses et méritoires, elle fait le job. C’est une grande journaliste. Le milieu reste impénétrable.

Alors il ne nous reste plus que l’introspection, l’auto-analyse de ses conditions de vie, de ses réflexions et de ses états d’âme. Son récit fait alors la part belle à ses propres émotions. L’intelligentsia parisienne pointe parfois, discrètement. Cela n’est pas inintéressant mais en deçà de l’enjeu.

De toute manière, bien peu d’humains sont fait pour cette vie, peut-être même aucun. Le portrait qu’elle en fait est fidèle. Dont acte…

Elle débarque et ferme cette éphémère parenthèse avec soulagement et reconnaissance.

Dehors tout est beau…

Les marins quittent la rade pour accomplir la dernière partie de leur mission.

Chacun est sur sa trajectoire : « La situation est claire et cohérente ».

 

CF(H) Luc BRENAC
22/03/2017

Je n’étais pas la bienvenue
Nathalie Guibert
Editions Paulsen, octobre 2016

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