Le seigneur des îles

couvertureseigneurilesEdouard Launet, journaliste et écrivain, nous livre ici le récit d’une croisière de deux mois à travers les îles de la Manche, à bord d’un Muscadet qui prend l’eau.

Son ambition –  nous faire découvrir ces terres pour certaines mal connues – l’amène à mettre le pied sur chacune des terres de ce « maquis de cailloux et de mer grand comme l’agglomération de Marseille, quoique plus sauvage », où chacune est « un royaume, un monde en miniature, une terre à prendre ».

 Pour autant, cet ouvrage ne saurait être un guide touristique, il s’agit bien davantage du journal de bord très personnel. Les îles anglo-normandes donnent la possibilité – au moins littéraire – de s’en déclarer seigneur. C’est ce que fait l’auteur en choisissant sur chacune d’elles la maison dont il serait le maître.  Chaque île, donne lieu à un chapitre, de Chausey à Herm en passant par les Ecréhou, Brecqhou et Jéthou…

Aux îles Chausey, seules possessions françaises dans l’archipel de la Manche, Edouard Launet va élire domicile dans un sémaphore construit par la marine en 1867. Ce panorama lui permet d’observer « la cinquantaine d’îles qui hachent la mer » à marée haute et « l’Atlantide de cinq mille hectares qui émerge » deux fois par jour.

À Guernesey, il a pris ses quartiers à Hauteville House, et notamment sa chambre du troisième étage, où Victor Hugo vécut en exil de 1856 à 1870. C’est en effet Hugo qui sert de guide à l’auteur tout au long de son périple.

Indubitablement Hugo a marqué cet espace et Lord Palmerston, Premier ministre britannique, estimait ainsi en 1855 que « la question est dorénavant de savoir si ces îles sont notre propriété ou celle de Victor Hugo & Co ». Ainsi, l’auteur reconnaît sa dette : « à Sercq, qu’il orthographiait Serk, Victor Hugo a vu des pieuvres géantes. Moi, j’y ai rencontré un mouton. Voilà bien la différence entre les génies et les simples passants de la littérature : ils ne puisent pas dans le même bestiaire. »

Le livre hésite volontairement entre le reportage marin, l’anecdote, les souvenirs personnels et la célébration onirique des lieux. Le tout est très bien documenté. C’est un ouvrage enthousiasmant, un beau texte en somme, qui donne immanquablement au lecteur l’envie de partir (re)découvrir ces îles. Hugo conclut L’Archipel de la Manche ainsi : « qui a vu l’archipel normand l’aime ; qui l’a habité, l’estime », le texte d’Edouard Launet lui donne évidemment raison.

EV1(R) Loïc SALMON
22/09/2016

 

Edouard Launet,
Le seigneur des îles,
Paris, Stock, 2014.
18,50€

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