Frêle jeune fille tout juste sortie de l’adolescence, Lili s’ennuie dans son Lubéron natal. Elle rêve d’aller pêcher en Alaska. Elle rejoint Kodiak, au sud d’Anchorage et réussit à se faire embarquer sur le Rebel, palangrier en partance pour pêcher le flétan et la morue noire en mer de Behring.

Le milieu est hostile: froid mordant, vagues énormes, journées de travail interminables, habits trempés, logement précaire et surtout, monde d’hommes, rudes, rêches, calleux, insensibles et peu enclins à adoucir l’apprentissage du métier d’une presque gamine sans aucune expérience.

Elle en bavera. Les mains à jamais esquintées par les avançons, une côte cassée à trimbaler les lourds casiers, des luttes dantesques avec des poissons énormes, des beuveries désespérées et cent fois molestée, le moral monte et descend comme le bateau dans les creux. Lili tiendra bon dans sa volonté d’être adoptée par la communauté des desperados de la pêche dans le grand Nord, à tant d’égards inhumaine.

Elle tombera folle amoureuse d’un de ces grands marins, épisode fougueux, étreintes intenses, mais l’appel du large et son désir d’aller au bout du monde, de son monde, le laisseront partir pour les mers chaudes, sans elle.

Premier roman de Catherine Poulain, aujourd’hui bergère en Provence après des années d’errance et de pêche en Alaska… Lili lui ressemble, Lili c’est elle. Le récit est écrit par touches, sous forme de flux de conscience. Le style est haché, nerveux, poétique. On s’attache à cette sauvageonne qui risque de perdre sa vie dans un des métiers les plus dangereux du monde.
On est content de la savoir de retour à terre.

CV(H) Alain BRIERE
07/04/2016

Le Grand Marin
Catherine POULAIN
Editions de l’Olivier Février 2016