«C’était notre première nuit en mer et je ne parvenais pas à trouver le sommeil. […] Je finis par me lever et sortis sans bruit sur le pont. […]. La houle s’était calmée. Capri n’était plus qu’une ombre rocheuse piquetée çà et là par les lumières des maisons. Tout autour du bateau, la mer paraissait goudronnée ».

Pierre, le narrateur, est invité par son frère, pour une croisière en Méditerranée avec Lone, sa nouvelle amie suédoise. Le couple retrouve Jean et sa compagne depuis sept ans, la brune Jeanne, à Naples. Embarquement sur un petit voilier, pour une navigation autour de Capri. Dans la chaleur caniculaire, Pierre, qui fut l’amant de Jeanne bien avant qu’elle ne rencontre Jean, est troublé, hanté par le passé et perdu devant le présent. Que peut-il arriver cet été ?

Avec cette courte histoire, l’auteur dresse dans un style concis une histoire simple. Deux couples, deux frères, deux femmes, un passé mal éteint, réunis à bord. Le climat est estival, fait de navigation, et de baignades, d’apprentissage des manœuvres et du vocabulaire marin, de lutte contre le mal de mer ou – parfois – l’ennui.

Plus profondément, on trouve la redécouverte d’une fraternité jusque-là un peu oubliée. Mais aussi des sentiments troubles, des paroles en suspens, des corps qui se frôlent et s’évitent. Et des regards que seuls les deux anciens amants saisissent. Mais est-ce bien vrai ? Car à bord, l’ambiance devient aussi lourde que la chaleur des jours en mer.

Dans ce huis clos au ras des flots, Vincent Almendros parvient à créer un climat en pente douce, à l’esthétique vigoureuse et limpide où les éléments semblent retenir leur souffle.

On pourra regretter que les personnages, comme dans une aquarelle, ne soient qu’en esquisse, comme brouillés par une brume de mer. Mais ce roman, qui a obtenu le Prix Françoise Sagan 2015, vaut une escale.

CC (R) Jean-Pascal DANNAUD
13/12/2015