Narcisse : tome 1, Mémoires d’outre-monde – tome 2, Terra Nullius

Contrairement à la presse anglo-saxonne qui fut, en son temps, saisie par l’extraordinaire destin d’Alphonse-Narcisse-Pierre Pelletier – dit Narcisse – les chroniqueurs français se sont relativement peu intéressés à son histoire. La parution en 2012 du livre de François Garde, Ce qu’il advint du sauvage blanc, prix Goncourt du premier roman, n’est sans doute pas étranger au regain d’intérêt dont ce personnage est désormais l’objet.

Narcisse, naît le 1er janvier 1844 en Vendée. A douze ans, il embarque comme mousse et connaît plusieurs bâtiments qui l’éloignent de l’Europe. En 1858, son navire fait naufrage en Nouvelle-Guinée. Les rescapés traversent la Mer de Corail en chaloupe et atteignent le Queensland, en Australie. Séparé de ses compagnons, la chaloupe repart sans lui. Recueilli et adopté par une famille aborigène, rebaptisé Amglo, il va vivre en membre du clan pendant dix-sept ans. En 1875, il est récupéré contre sa volonté, par un navire anglais. Rapatrié en France en 1876, il devient gardien du phare de l’Aiguillon, dans l’estuaire de la Loire. Celui que la presse australienne avait surnommé « Le sauvage blanc » meurt en 1894 à Saint-Nazaire, non sans avoir laissé un bref récit de son épopée.

 Scénariste et dialoguiste, Chanouga fait sien ce récit en l’adaptant avec talent, comblant avec imagination les zones d’ombre qu’il comporte. Il sait instiller suffisamment de mystère pour rendre la narration captivante. Ainsi, le talisman offert par un vieux loup de mer est-il magique au point de pousser Narcisse à vouloir naviguer ? Est-il d’origine sacrée, pour que les aborigènes l’adoptent plutôt que de le tuer ? Narcisse, marié, avait-il un enfant ? Quelle que soit la part de vérité, tout semble plausible dans ces Mémoires d’outre-monde et sur cette Terra nullius. L’influence des grands écrivains aventuriers est là et il ne fait nul doute que Robert Louis Stevenson, Joseph Conrad ou Jack London se sont penchés sur ces deux premiers albums.

Le travail graphique de Chanouga, fait de grandes cases destinées à reconstituer les différentes atmosphères avec des teintes multiples, se veut énergique, grandiose et tend à montrer la faiblesse de l’homme face aux éléments. La mise en scène des films de John Huston est là, Moby Dick en tête. Chanouga donne un supplément d’âme aux caractères et aux objets, à la manière des mystérieux tatouages tribaux du personnage principal. Mais il désoriente parfois le lecteur par la raideur de son trait et une mise en couleur un peu fade.

Avec ces deux premiers tomes de la série – à quand le, troisième ? – ce Narcisse prend la mer sous une brise prometteuse.

C.C. (R) Jean-Pascal DANNAUD
22/12/2015

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