Pour l’Amour du Capitaine

Il y a les paquebots qui tiennent de l’HLM flottante, avec petit balcon individuel et Luna Park pour tous, et ceux, un peu vieillots, où les passagers passent des heures accoudés au bastingage à regarder la mer et rivalisent pour être les invités d’un soir à la table du commandant.

Le New Wave est de ceux-là, ballotté d’armateur en armateur pour finir la propriété d’un Grec… pas très orthodoxe et de son associé russe de Mourmansk, pas vraiment honnête lui non plus.

 Sous les ordres du commandant Santucho, alias  Shrimp, le navire appareille pour une croisière à caractère écologique le long des côtes chiliennes. Le temps passe vite entre spectacles de music-hall, leçons de tai-chi-chuan du maître d’équipage coréen, causeries d’un prof de philo psychorigide et conférences d’un astrophysicien amoureux de l’adorable étoile russe de la troupe et assassin présumé du mari magicien d’icelle.

Seulement voilà, la croisière ne tient pas toutes ses promesses: la vérité n’est plus là où on l’attend, il ne s’agit plus de visiter la flore de l’île supposée de Robinson Crusoë ; et les antennes qui hérissent le New Wave ne sont pas vraiment toutes habituelles pour un paisible paquebot.

L’auteur nous entraîne alors dans une aventure certes point trop crédible, mais avec tant d’allant, d’humour et de talent qu’on le suit volontiers, en oubliant les invraisemblances, pour mieux savourer le récit tout en légèreté et qui met en scène des personnages attachants, telle cette poupée russe d’un érotisme troublant ou cet animateur de soirées, grand adepte des écrits d’Homère.

L’ambiance très particulière d’une croisière sur un navire à taille humaine est divinement restituée, avec ses intrigues amoureuses, ses rivalités, ses béatitudes, et l’invisible frontière entre « les blancs qui bronzent en haut et les bronzés qui bossent en bas ».

En parcourant ce roman, je me suis rafraîchi, j’ai fait un beau voyage et retrouvé le temps béni où, par dérision, nous définissions la fonction d’officier de paquebot comme « une servitude où l’on est obligé de manger du caviar pour gagner son bifteck »!

CF(R) Alain M. Brière
22/10/2015

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