Le vieil homme et la mer

« Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt jours, il n’avait pas pris un poisson. Les quarante premiers jours, un jeune garçon l’accompagna ; mais au bout de ce temps, les parents du jeune garçon déclarèrent que le vieux était décidément et sans remède salao …».

Ainsi commence Le vieil homme et la mer, roman mythique d’Ernest Hemingway publié en 1952 – qui lui valu le prix Pulitzer en 1953 – qui narre la lutte désespérée d’un vieux pêcheur contre un espadon. La réussite, au bout de trois jours, n’est que le début d’un autre engagement à mort, contre les requins qui viennent dévorer l’animal vaincu, dont il ne restera à la fin qu’une «  longue arrête blanche qui se soulevait et se balançait au gré du ressac ». Pourtant, pour avoir su se battre seul et refuser la défaite, le vieil homme ramènera au port, non pas l’image de l’échec, mais l’exemplaire universalité des peines et des espérances de sa communauté.

C’est au travers du regard de l’enfant – celui des quarante premiers jours – que l’on découvre Santiago. C’est lui qui conte l’histoire de ce vieux cubain, qui est pour lui comme un grand-père et dont il connaît les rêves d’Afrique. C’est lui qui, par une astuce du scénario, transmet à Hemingway le récit grave, affectueux et admiratif de l’âpre combat mené sur l’océan. C’est avec lui que l’on se prend à aimer ce vieil homme obstiné, qui parle au poisson qu’il va tuer : « Peut-être bien qu’on est pareils, tous les deux… Mais tu sais, poisson, même si tu es mon frère, tu es tellement extraordinaire qu’il faut que je te tue. »

Il y avait un risque à adapter ce récit, où l’action ne domine pas. Thierry Murat, opte pour une approche illustrative qui met en avant le texte, qui fait la force du récit.

Par ses cadrages, Thierry Murat magnifie les étendues célestes et marines ou s’attarde sur les visages et les corps. En dessinant des gestes vieux comme le monde, il arrive à restituer le rythme du roman et ses atmosphères. Son trait simple, tout en esquisse, et les jeux d’ombre qu’il emploie lui permettent de toucher aux profondeurs de l’être. Epuré, le graphisme restitue le caractère intime de l’œuvre de l’écrivain.

En mettant en scène la condition d’un homme face à la nature, le courage et la dignité dont il peut faire preuve, cette bande dessinée rayonnante constitue une très belle adaptation, idéale pour redécouvrir – ou faire découvrir – ce joyau de la littérature maritime.

 

C.C. (R) Jean-Pascal DANNAUD

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