Stevenson, le pirate intérieur

Qui ne connaît pas L’Île au trésor de l’écrivain écossais Robert-Louis Stevenson, longtemps resté un des grands classiques de littérature de jeunesse ?

Mais si le scénario nous est coutumier, on connaît peut-être moins les raisons qui poussèrent l’écrivain-voyageur à s’intéresser de près aux pirates au point de leur consacrer un roman. C’est à cette question que s’attachent Rodolphe et l’illustrateur René Follet, pour nous livrer en cinquante pages de bandes dessinées une biographie de l’auteur depuis sa naissance à Edimbourg jusqu’à sa mort aux îles Samoa.

Un ultime délire de moribond, dont l’auteur fut coutumier tout au long de sa vie, deux semaines avant son décès sur l’île d’Upolu (Samoa), où l’écrivain s’est retiré pour soigner ses crises d’emphysème, et dans lequel lui viennent des pirates en hallucination, est prétexte à un flash-back ; nous revenons à sa jeunesse à Edimbourg où, alité en raison de sa santé fragile, il se nourrit de romans d’aventure… Suivent les épisodes principaux de sa vie : sa vocation précoce et affirmée, ses lieux de résidence (France,…), son mariage avec Fanny, les différents personnages (réels) rencontrés qui inspirèrent ceux de ses romans, tous organisés autour du thème de la production littéraire de ses différents opus, et en particulier du roman de piraterie. On découvre à l’occasion de ce « voyage » la raison du titre choisi : en proie aux attaques, Stevenson affirme que ce sont ses pirates qui s’agitent… Les séquences de vie alternent ainsi avec des épisodes du roman.

L’ouvrage s’achève sur une série de croquis et légendes (portraits de l’auteur, chronologie de Stevenson, notices historiques, bibliographie, et pour la dernière page, la reproduction de l’épitaphe de l’auteur).

Sur le plan graphique, le livre est une réussite : on reconnaît et on apprécie le style crayonné de René Follet déjà utilisé pour les illustrations de L’Île au trésor ; le graphiste maîtrise donc déjà bien son sujet. Les représentations de la mer sont de qualité, et le trait, souvent ébauché et fougueux, s’accorde bien au thème et au scénario : le lecteur pénètre véritablement dans l’univers de l’auteur, tout en onirisme et en vie, se prenant de passion pour sa destinée. Les illustrations esquissées finales prolongent ce voyage et une remarque finale achève l’ensemble sur un vœu pieux : que l’œuvre de l’auteur sorte du domaine strict de la littérature pour jeunesse, pari qui semble réussi..

Le seul regret que l’on pourrait avoir est la concision de l’ouvrage : les épisodes de vie relatés, tout entier articulés autour de la thématique littéraire, sont ébauchés comme le dessin ; on traverse cette vie d’un trait, mais on tourne la dernière page avec le désir sain d’en apprendre plus…

LV (R) Antoine PAYEN de LA GARANDERIE 

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