Chroniques Outremers – T3 (Métisse)

PMO_ChroniquesOutremers_T3Après avoir traversé la mer et l’océan dans les deux tomes précédents, Méditerranéenne et Atlantique, le cargo de Liro Tana remonte un fleuve mexicain pour l’ultime étape du voyage. Non sans difficulté : la navigation, ralentie par des bancs de sable, est malaisée, les manœuvres sont impossibles. S’y ajoutent des patrouilleurs, qui apparaissent dans le sillage du cargo. De son côté Sonriso est de plus en plus tendu alors que la livraison des armes se fait imminente. Le combat est inévitable. Si la santé du capitaine décline – malgré la morphine et les incantations de l’indien qui le soigne -, ce dernier s’accroche à l’existence pour atteindre son but.

Ce troisième opus met un terme à une belle aventure maritime sur fond de conflit mondial et de révolution mexicaine. La mer ample laisse la place aux flots resserrés de rives inhospitalières et à la moiteur de forêts tropicales. Le récit, plus intimiste que dans les deux précédents tomes, s’attarde sur Tana, qui veut retrouver l’énigmatique Métisse à qui il a régulièrement écrit et qu’il a quittée dix ans plus tôt. Elle aussi a beaucoup voyagé, pour d’autres raisons.

Le trait minimaliste, tout en épure et mis en valeur avec de larges aplats de couleurs, rappelle celui d’Hugo Pratt. Il permet de planter les personnages, démesurés, taciturnes et pleins de mystère. Et si la mort trouve sa place dans cette aventure, le style épuré de l’auteur en atténue le sinistre spectacle.

Si la référence graphique est manifestement celle de Corto Maltese, la narration est empreinte de réalisme magique. Par son rythme et la mélancolie sud-américaine qu’il dégage, par les ellipses entre chaque image, ce troisième tome transporte le lecteur vers un univers qui n’est pas sans rappeler celui de Gabriel Marcia Marquez, où les hommes confrontés à leur destin sont amenés à se révéler, ou à disparaitre.

C’est  la fin d’une aventure. Fin d’un triptyque qui, en peu de mots, aura su créer une ambiance singulière. Fin pour Liro Tana, qui retrouve ici un être cher. Fin pour l’auteur également, qui a quitté ce monde en octobre dernier, après avoir bouclé son projet. Bravo l’artiste et bonne mer.

L.V. (R) Jean-Pascal DANNAUD

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