Le premier volume de cette série, « L’appel du large », voyait, contre toute attente, un truand corse et son aristocratique lieutenant sympathiser dans les tranchées de la Grande guerre. La paix revenue, nos gaillards se lancent dans le trafic d’armes destinées aux rebelles du Rif, en révolte contre les Espagnols.

Le deuxième volume, « Inch ‘Allah », est consacré à leurs avatars marocains. Leur rêve se réalise : les voilà devenus pirates. Entre deuxième bureau français, tribus marocaines (surtout ne pas confondre un Temsamane avec un Beni Ouriaghel !), rebelles rifains et armée espagnole, nos héros ne chôment pas. Leur participation à une embuscade réussie les fait se retrouver officiers d’Abdelkrim et futurs ministres de la république du Rif.

Si le troisième volume, « Les princes du Djebel », est à la hauteur des deux premiers, on ne va pas s’y ennuyer, d’autant qu’une toute charmante Anissa (des Beni Touzine) s’est glissée discrètement dans les pages du livre.

La mer, parfois présente dans le premier volume, se fait plus rare dans le deuxième, mais l’ombre d’Henri de Monfreid veille sur cette histoire de pirates et trafiquants, qui risque de se terminer plutôt mal…

Une histoire intéressante, des personnages attachants, un dessin efficace servi par une palette aux couleurs du Djebel, des dialogues enlevés et un montage elliptique : pourquoi bouder son plaisir ? Il s’agit là d’une excellente bande dessinée.

CF(R) Jean-Paul Billot