1629 …ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta – Première partie : l’apothicaire du diable

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2023 dans la catégorie « Bande dessinée ».

Superbe couverture noire et or qui donne à cette BD des allures de ‘Beau Livre’, le plaisir se prolonge au fil des illustrations aux couleurs éclatantes sur papier glacé, inhabituel pour des romans graphiques. Car c’est bien un roman, tiré du récit connu du tragique naufrage de ce trois-mâts de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, qui a dominé le trafic maritime entre le XVIème et le XVIIIème  siècle. Le Batavia (modernisé en Jakarta par les auteurs), tout juste sorti en octobre 1628 du chantier naval d’Amsterdam, long de 56 mètres et large de 10, d’un volume intérieur de 625 tonneaux loge sur trois ponts, outre les marchandises, 30 canons contre les pirates et 320 personnes dont une vingtaine de passagers, les officiers du bord et la soldatesque habituelle embarquée plus ou moins de force pour défendre les comptoirs outre-mer de la Compagnie.

Les temps sont troubles, la cruauté est banalisée et va de pair avec les conditions dantesques à bord. Le capitaine Arian Jakob prétendument bon marin et en tout cas ivrogne invétéré, est flanqué comme il est d’usage, d’un subrécargue, Francisco Pelsaert représentant la Compagnie et chargé de veiller sur le sort des marchandises embarquées dont des caisses de florins et des pierres précieuses destinées au Grand Mogol. Son adjoint Jeronimus Cornelius est un ancien apothicaire failli, aigri, rancunier et machiavélique mais non dénoué de bagout et de charme.

Le voyage est long, les vivres s’amenuisent, l’ennui s’installe propice aux bagarres, aux turpitudes et aux tentatives de mutinerie, aussitôt réprimandées avec cruauté pour décourager les récidives. Les alliances à bord se lient et se défont sur fond de trahisons, la plupart orchestrées par Cornelius.

Le texte et les dessins restituent avec réalisme l’ambiance délétère à bord. Les images bondissent, souvent amplifiées par des encarts comme autant de ‘zooms’ pour souligner tel ou tel détail de la scène. De la belle ouvrage !

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1629, le ‘brillant’ capitaine réussit l’exploit de fracasser le navire sur des récifs coralliens au large de la côte occidentale de l’Australie.

On imagine la panique et les noyades qui s’ensuivent. Les rescapés se réfugient sur un atoll d’à peine quatre-cents mètres carrés puis certains parviennent à essaimer sur des rochers moins exigus tandis qu’une chaloupe part à la recherche d’hypothétiques secours.

Cornelius et Jakob, soucieux que leurs méfaits n’aient pas de témoins, n’hésitent pas à tuer les rescapés à leur portée. Ce n’est que le début car la suite tournera au massacre ignominieux que sans doute relatera le tome II à venir, de cette brillante BD.      

CF(H) Alain M. BRIERE
15/08/2023

Xavier Dorison et Thimothée Montaigne
1629 …ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta – Première partie : l’apothicaire du diable
Glénat, 16 novembre 2022

Voir également la recension du CC(R) Jean-Pascal DANNAUD et la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE

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