Albert Londres doit disparaitre

Peu parmi les jeunes générations ont entendu parler d’Albert Londres, ce grand reporter du siècle dernier, homme curieux qui observait le monde, luttait contre les injustices, les absurdités et les incohérences du pouvoir. Journaliste d’investigation il est le témoin de tous les grands évènements de l’époque : du bombardement de la cathédrale de Reims en 1914, au régime bolchévique naissant, du bagne de Cayenne aux prostituées de Buenos Aires, des forçats du Tour de France à la guerre sino-japonaise dans les années trente. Mort à 48 ans dans l’incendie du paquebot Georges Philippar au large d’Aden, sur le chemin de retour en France après un séjour mystérieux en Extrême-Orient d’où dit-on, il ramène un reportage explosif.

C’est cette dernière aventure dont s’emparent les auteurs de cette BD pour notre plus grand plaisir. Mêlant l’imaginaire à la réalité Frédéric Kinder et Boris Joly nous offrent un scénario digne des meilleurs romans d’espionnage, au temps trouble des colonies

Albert Londres reçoit un télégramme inquiétant d’une vieille connaissance chinoise, Monsieur Pou. Il s’embarque aussitôt à Marseille sur l’Athos II, paquebot des Messageries Maritimes en partance pour la Chine. Il y retrouve un couple d’amis Pierre et Suzanne Lang-Willard à qui au retour, il confiera ses manuscrits, persuadé d’être en grand danger. Arrivé à Shanghai, il rencontre la petite communauté française dont l’antipathique commandant de la canonnière Francis Garnier et une journaliste reporter au Petit Parisien, qui l’entraîne dans une fumerie d’opium fréquentée par la mafia marseillaise. C’est alors que Monsieur Pou l’emmène en toute discrétion rencontrer Jiang Jieshi, généralissime de l’armée chinoise, plus connu sous le nom de Tchang Kaï-Chek qui lui expose vouloir lutter contre l’envahisseur japonais mais aussi contre le Parti communiste de plus en plus influent et qui bénéficie du trafic opium contre armes. Poursuivant ses investigations, Albert Londres se retrouve prisonnier à bord du Francis Garnier dont il réussit à s’évader. Il rejoint Hong-Kong en toute discrétion et réussit à embarquer sur le paquebot Georges Philippar (objet du brillant et récent roman de Pierre Assouline). Mais les ennemis n’ont pas désarmé… La mort de Londres dans l’incendie du navire n’est pas tout à fait due au hasard, non plus que l’accident d’avion dans lequel périssent Pierre et Suzanne en route pour Paris et détenteurs des révélations de leur ami sur les étranges agissements des autorités françaises en marge de la guerre sino-japonaise.

Une histoire bien menée, des personnages taillés à la serpe, des ambiances fidèles aux mystères de l’Extrême-Orient et un rappel utile de qui fût Albert Londres dont le nom est perpétué par le prix éponyme, qui chaque année récompense des journalistes francophones de talent et lanceurs d’alerte de préférence.

CF(H) Alain M. BRIERE
23/05/22

ALBERT LONDRES DOIT DISPARAITRE
Frédéric KINDER, scenario
BORRIS, dessin
Brice FOLLET, couleur
Éditions Glénat (Treize étrange)

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