Bellot

A part son nom donné à un petit paquebot de la série Explorateurs chez Ponant, je pense que nombreux sont ceux qui comme moi, en savaient peu sur ce jeune officier de marine de la période romantique. L’amiral Bellec avec son talent de conteur qu’on lui connait, vient combler ces lacunes avec une passionnante biographie de Joseph-René Bellot, né à Paris en 1826 et Rochefortais d’adoption. Début de carrière prometteuse du jeune Bellot passé par l’Ecole navale sur le Borda et qui se distinguera par son courage au point d’être fait Chevalier de la Légion d’Honneur à 19 ans.

C’est l’époque où les voyages d’exploration scientifique se succèdent. Le monde n’a pas de limites et s’il en reste, l’intrépidité des hommes et l’ambition politique s’ingénieront à les repousser.

En mars 1845 le capitaine de vaisseau Sir John Franklin part à la recherche du déjà mythique passage du Nord-Ouest avec 110 hommes et 24 officiers à bord de l’Erebus et du Terror tous deux à la coque renforcée et équipés d’une machine à vapeur de locomotive actionnant une hélice et procurant le confort de radiateurs de chauffage. Les vivres dont bon nombre de boîtes de conserve garantissent au moins trois ans de réserves alimentaires. Le succès est à portée de ces brise glaces…

Hélas, on perdra leur trace après leur passage en baie de Baffin, moins de six mois après le départ en fanfare de Greenhithe, près de Londres.

Cette disparition fait grand bruit et passionne l’Angleterre. Fasciné, Bellot, par ailleurs en manque d’embarquement, offre généreusement ses services à Lady Franklin qui fait rechercher à tout prix, son mari et ses compagnons disparus en Arctique depuis 5 ans déjà.

Premier embarquement sous pavillon anglais comme second sur le Prince Albert, goélette à voile qui comme les précédents navires partis à la recherche de l’expédition Franklin, sera retenue par les glaces à l’entrée de la Baie de Pond près de l’île Somerset, dans l’Arctique canadien.

Deux autres expéditions seront montées par l’Amirauté britannique pour retrouver l’expédition Franklin. Les glaces les empêcheront tour à tour d’aboutir.

A défaut de réussir à mobiliser les autorités françaises pour monter une opération de sauvetage. Il finira par embarquer comme volontaire en mai 1853 à bord de la corvette à vapeur Phoenix chargée d’apporter vivres et dépêches aux navires de l’expédition Belcher qui hivernent séparément. Quelque part dans le canal Wellington gelé en partie, Bellot disparaîtra dans une crevasse. Il avait 27 ans.

Les anglais seront à jamais reconnaissants à ce jeune français dont « la gentillesse, la sincérité et le dévouement le rendent très sympathique » comme s’est plu à le dire en son temps, Lady Franklin. Il aura droit à un obélisque de granit rouge à Greenwich et l’Union astronomique internationale donnera son nom à un cratère d’impact de la face visible de la lune. Une rue discrète du quartier de la Villette à Paris honore chichement ‘un officier de marine et explorateur qui périt en 1853 dans l’archipel arctique canadien.

Les biographies sont souvent ennuyeuses à lire, leur nécessaire chronologie s’apparente parfois à des litanies, mais l’amiral Bellec évite le piège en émaillant son récit bilingue d’illustrations de grande qualité. Avec d’infinis détails, il relate le martyre de la mission Franklin, décimée par tous les maux de la terre et nous fait sentir l’âpreté de la navigation polaire.

Depuis, le recul des glaces a rendu le passage du Nord-Ouest accessible aux navires de fort tonnage et même aux navires de croisière…. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir. En tout cas, cela n’enlève rien au courage physique et moral de tous ces pionniers qui au péril de leur vies, ont tenté de découvrir la plus courte route entre l’Occident et l’Extrême-Orient.

CF(H) Alain M. BRIERE
21/07/2020

Bellot
François Bellec
Tallandier

Voir également la recension du LV(H) Dominique RENIE

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