« Le grand fleuve » Tome V : « L’été de la Saint-Martin  »

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2019 dans la catégorie « Bandes-dessinées ».

Les quatre premiers volumes de la série « Le Grand Fleuve », publiés initialement chez Dupuis de 1991 à 1995 ont été réédités – dans un format agrandi et avec une mise en couleur renouvelée – par les éditions Paquet de 2015 à 2017 (liens vers les recensions en fin d’article). Le tome 5 de cette saga, resté inachevé depuis près d’un quart de siècle, vient d’arriver en librairie.
Il avait bien fallu 10 ans à Ulysse pour rejoindre Pénélope, à Ithaque…

Jean Tambour, flotteur de bois sur l’Yonne, inscrit maritime, mobilisé dans la Marine pendant les guerres de l’Empire, les a terminées prisonnier sur les pontons anglais. Ayant repris ses activités il a dû déjouer un trafic dans les transports de bois (Tome 1), s’est retrouvé légitime propriétaire d’une gabarre navigant sur la Loire, « Le Grand Fleuve » (T2), a vu son entreprise  concurrencée par l’intrusion des premiers bateaux à vapeur (T3) et à dû combattre, sur la rive de Galerne,  des survivants égarés de l’épopée impériale (T4).

Dans « L’été de la Saint-Martin », en ce début de novembre un drame se joue sur le Grand Fleuve. La Loire est bloquée par un embâcle et les mariniers, incapables, pour se rendre à Nantes, de franchir l’obstacle que constituent les glaces, risquent d’être ruinés et, partant, de voir leur navigation traditionnelle disparaître.

Nous retrouvons avec un vrai bonheur les acteurs du microcosme familier, avec leurs personnalités solidement affirmées : Jean Tambour, hanté par les épreuves vécues dans la marine impériale, son complice Gustave, truculent amateur de nourritures pour homme (oies rôties entre autres, dont c’est justement la saison…) et Marie, femme d’affaire redoutablement avisée qui nourrit plus qu’un sentiment pour Jean. Ils sont entourés des comparses de leurs navigations précédentes : Richou, mercanti toujours prêt à exploiter les détresses du pauvre monde, les frères Léonard, malfrats calamiteux, le postillon Piron, messager du destin, le mousse P’tit Marquis, le canonnier Fine-Ardoise, compagnon de guerre de Jean Tambour et le cuisinier de l’auberge des Trois Volets, pigiste des journaux parisiens. On regrette l’absence, dans ce volume, du mystérieux colporteur Valenciennes et de Joséphine, la tireuse de cartes parfois hallucinée. Mais avec un peu de chance et beaucoup de patience, peut-être les reverrons-nous un jour…

Dans le désert glacé du pack qui bloque la Loire et contraste avec l’animation nocturne d’Angers, Jean Tambour trouvera-t-il le moyen de frayer un chenal permettant aux gabarres lourdement chargées d’atteindre Nantes ? Trouvera-t-il un équilibre dans ses relations – un peu compliquées – avec Marie ? La navigation traditionnelle pourra-t-elle subsister quelques années encore, sur le Grand Fleuve ?

A vous le plaisir de trouver les réponses à ces questions dans ce volume, longtemps attendu. Il s’avère une réussite totale, au niveau de l’intrigue et des dialogues comme à celui des dessins. Leur trait renoue avec ceux restés en suspens depuis plus de vingt ans et leur excellente mise en couleurs, tant pour la couverture que pour les planches, apporte une grande satisfaction esthétique. Comme de coutume, un cahier documentaire accompagne ce volume, pour apporter des précisions sur les hivers en Loire et les fêtes et légendes de la Saint-Martin, gastronomie incluse.

Il serait dommage que cette excellente série en reste là. Le scénario d’épisodes ultérieurs existe sans doute déjà, les amateurs attendent avec impatience une saison II du « Grand Fleuve ». Avis aux auteurs et aux éditeurs !

CF(H) Jean-Paul BILLOT
Président, comité du prix littéraire de l’ACORAM
20/08/2019

Le grand Fleuve
Tome 5 : «  L’été de la Saint-Martin  »
Serge Aillery – Jean-Luc Hiettre
Editions Paquet

Voir aussi les recensions du tome 1, du tome 2, du tome 3 et du tome 4

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