Gervèse

La fin du XIXe siècle a inauguré la reprographie à grand tirage des images en couleurs mais ce fut d’abord le règne du dessin, avant la diffusion de la photographie. Ce règne du dessin de presse fut, en France, celui de L’Illustration. A cette époque, à côté des images d’actualité, des dessinateurs de génie créèrent des personnages-types populaires : les gosses des rues de Poulbot, les Alsaciens de Hansi, etc. Les marins eurent aussi leur dessinateur fétiche avec Henri Gervèse.

Henri Gervèse connaissait la Marine de l’intérieur puisque, sous le nom de plume, se cachait l’officier de carrière Charles Millot (1880-1959), qui commanda notamment la canonnière Doudart de Lagrée à la veille de la Première Guerre mondiale, avant de combattre aux Dardanelles pendant cette dernière. Il servit ensuite dans la marine marchande et s’installa en Argentine, où il finit ses jours. Il dessina la Marine, avec autant de talent et d’application qu’il la servit. Ses types de marins, cocasses et attachants, ont été publiés dans un album où il en fit comme la synthèse, en 1944, Souvenir d’un marin de l’IIIème République, et dans des séries de cartes postales célèbres, tant de fois réimprimées. Les scènes montrées, à la fois quotidiennes et truculentes, exaltent la bienveillance des officiers supérieurs, la candeur des matelots et la « bouteille » des vieux officiers mariniers. Les traits sont, à l’apogée de son œuvre, clairs et enlevés, et les couleurs chatoyantes. C’est un superbe témoignage d’une Marine qui n’est plus mais, dans le fond, le cœur des marins a-t-il tant changé ?

Plusieurs livres ont déjà, depuis quelques décennies, rendu hommage au talent de Gervèse. L’auteur du présent ouvrage, Jacques Shirmann, qui est son petit-neveu et dépositaire de nombre de ses œuvres, a déjà publié, il y a une dizaine d’années, une présentation généraliste de l’œuvre de Gervèse Son projet est ici de faire connaître la genèse des grandes séries de cartes postales et de montrer les différentes publications de dessins de Gervèse dans les journaux et revues de son époque. C’est l’évolution du dessin de l’auteur que l’on suit, au fil des pages, les mêmes scènes étant souvent reprises mais de plus en plus affinées et épurées. Le propos de l’auteur est donc l’approfondissement de la connaissance de Gervèse, avec aussi quelques séries plus originales comme la reprise de son reportage (texte, photos et dessins) « Dans les rapides du Yang-Tsé », paru justement dans L’Illustration en 1924, où il relate sa mission sur le Doudart de Lagrée. Il y a aussi in fine de courts et beaux textes de Gervèse, avec des vignettes de Max Moulin qui montrent que, dans la Marine, le témoin passe les générations.

Un beau livre, un livre aussi d’érudition, qu’on apprécie pleinement si on connaît déjà un peu Gervèse.

CV(R) Marc LEVATOIS
19/05/2019

GERVESE
Un humoriste dans la marine
Dessins présentés et commentés par Jacques Schirmann
NATURALIA

Voir également la recension du CF(H) Alain BRIERE

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