Les présidents et la guerre, 1958 – 2017

Depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962, heureusement, la France n’a pas connu la guerre et, si cette guerre d’indépendance a été reconnue comme telle ensuite, elle a concerné, durant son déroulement, un territoire qui était considéré comme français pour la France. Ce ne fut donc pas alors une guerre comme les autres et, à part ce cas particulier, la Vème République n’a pas connu la guerre.

Toutefois, vue depuis l’Elysée, la France de la Vème République a bien connu la guerre, tout d’abord pas ses présidents. C’est le thème du livre dense de Pierre Servent, Les présidents et la guerre, qui montre, « septennat par quinquennat » (si on peut dire) les liens qui unissent nos chefs d’Etat et la guerre. En effet, jusqu’à François Mitterrand inclus, les présidents ont été formés – de façon diverse et parfois paradoxale – par la Seconde Guerre mondiale, qui s’est avérée ensuite une explication de certaines de leurs actions. L’exemple initial du général De Gaulle est ici, bien sûr, emblématique.

Il y a aussi les guerres que les présidents ont évitées, grâce à leur rôle international, déterminant depuis 1958, sans parler de leur position diplomatique sur les guerres qui n’ont cessé d’agiter notre pauvre monde pendant soixante ans, autant avant qu’après la fin de la Guerre froide. L’action de François Mitterrand pendant la guerre de Yougoslavie, notamment durant les combats de Bosnie, apparaît ainsi dans sa singularité. Et il y a les opérations extérieures, dans lesquelles la présidence est appelée à jouer un rôle primordial. Elles sont essentielles dans l’étude de Pierre Servent.

Tout cela est non seulement bien décrit mais aussi clairement expliqué par Pierre Servent, spécialiste reconnu de la chose militaire. Il donne aussi une place majeure aux acteurs de ce rôle militaire de la Présidence, notamment aux officiers généraux à la tête de l’Etat-Major Particulier, qui sont un rouage capital dans l’action de celui qui, à la tête de l’exécutif, est aussi, selon les termes de la constitution de 1958, « Chef des Armées ». Parmi eux, quelques marins.

Le point de vue de Pierre Servent, colonel de Réserve dans l’armée de Terre, est celui de la Défense dans sa plus large acception et la Marine n’apparaît que quand elle tient une place notable dans la posture militaire spécifique des présidents, notamment pour les opérations extérieures. Elle est toutefois toujours là, fondamentale, par la dissuasion nucléaire permanente des SNLE et la possession des « codes » nucléaires est bien devenue l’attribut majeur du pouvoir pour les présidents de la Vème République.

Un livre important pour placer l’action de la Marine dans le contexte global des forces armées et la politique de défense au plus haut sommet de l’Etat. Un livre bien écrit également, particulièrement vivant pour les trois dernières décennies, dont Pierre Servent, journaliste très actif, a connu personnellement les acteurs en ce domaine.

 

CV(R) Marc LEVATOIS
13/03/2018

 

Les présidents et la guerre,
1958 – 2017
Pierre Servent
Perrin, 22 €

Voir aussi la recension du CF(H) Jean-Paul BILLOT 

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