Histoires de la mer

Il est bien connu que la majorité des français, hommes politiques compris, découvre la mer en tournant le dos à la plage pendant l’été ou en se faisant doucher sur une digue balayée par de violentes lames un jour de tempête, pour prendre le cliché de l’année.
En plus de 300 pages, Jacques Attali tente, et c’est louable, de faire mieux connaître aux terriens continentaux que nous sommes, cet élément qui occupe pas moins des trois-quarts de la superficie de notre planète.

Il commence par dérouler l’Histoire de la Terre, du big bang à nos jours : empilement d’évènements plus ou moins heureux qui après l’avoir créée, font de la mer la source de vies, le vecteur de rencontres, le champ de batailles et qui, si on n’y prend garde, feront la tombe de l’humanité. La mer lieu de toutes les richesses que l’humanité a commencé de détruire et qui détruira l’humanité écrit l’auteur après Jules Verne.

Dans une deuxième partie, l’auteur passe en revue les moyens humains qui ont permis la conquête des mers – du moins leur surface car il reste beaucoup à approfondir. La rame, les voiles, le charbon, le pétrole, et peut-être demain le cerf-volant propulsent les navires et facilitent la circulation des hommes et des marchandises. Certaines nations sont plus promptes que d’autres à saisir l’importance de la maîtrise des mers et elles s’enrichissent en se fortifiant. Occasion pour l’auteur de faire le triste constat du peu d’ardeur de la France à faire partie des grands pays maritimes et ce qu’il lui en a coûté et lui coûte encore.

Vient ensuite un essai sur la « globalisation maritime » qui avec beaucoup d’imprécisions (*), fait la part belle (et justifiée) au conteneur, cette boîte consignée qui transporte de tout et à moindres coût, ainsi qu’aux câbles sous-marins qui eux acheminent l’information donc la puissance. Un chapitre sur les maux de la mer, un chapitre pas vraiment convaincant sur les actions correctives à entreprendre. Un chapitre sur la mer comme source de l’idéologie de la liberté, louable mais tellement moins puissant et évocateur que le sonnet de Baudelaire : homme libre, toujours tu chériras la mer. La mer est ton miroir… où l’homme et la mer se rejoignent dans la continuité et dans la rupture.
Cet ouvrage laborieux est à lire avec discernement, certains faits et même chapitres ne sont pas essentiels à la thèse défendue par l’auteur mais il demeure que toute contribution à faire connaître et à faire aimer la mer et plus globalement la chose maritime, est plus que bienvenue.

(*) le conteneur maritime est un dérivé du van routier de déménagement américain de 35 pieds de long (35’), difficile à manipuler sur un navire et qui, après la guerre du Vietnam a évolué en ‘boxes’ de 20’ et 40’, compatibles avec les poids à l’essieu permis sur la plupart des routes européennes. Il est curieux que Jacques Attali, fondateur et président de Planet Finances, rebaptisé Positive Planet, n’ait pas évoqué, même brièvement, la grave crise qui depuis huit années affecte le shipping mondial, conduit a de fracassants faillites et oblige à des regroupements spectaculaires d’armements containérisés. Par ailleurs et contrairement à ce qu’il est écrit, l’essor du conteneur maritime ne s’est pas fait au détriment des vraquiers mais de ce qu’il est convenu d’appeler les navires conventionnels.
Enfin, il n’est pas rare qu’un navire porte-conteneurs transporte une quantité non négligeable de conteneurs vides pour équilibrer les parcs, conséquence du déséquilibre des échanges commerciaux sur une liaison considérée.

CV(H) Alain M. BRIERE
17/10/2017

 

Histoires de la mer
Jacques Attali
Editons Fayard

Voir aussi la recension du CV(R) Marc LEVATOIS

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