La Grande Guerre en Méditerranée

Saviez-vous qu’au cours de l’année 1917, une escadre japonaise au complet (trois divisions de contre-torpilleurs et les croiseurs Idzumo et Akashi sous les ordres de l’amiral Kozo Sato) est venue prêter main-forte en Méditerranée aux forces navales alliées pour lutter contre les sous-marins allemands et autrichiens ?

Ce n’est là que l’un des faits peu connus, voire inconnus, que l’on découvre au fil du remarquable ouvrage du contre-amiral Nerzic, auteur de plusieurs études historiques et petit-fils d’un couple de survivants du paquebot Magellan, torpillé le 11 décembre 1917 par l’U-76 dans le sud de l’île de Pantelleria. Sans doute est-ce ce souvenir familial qui l’a incité à insister sur le caractère particulièrement meurtrier de la Première guerre mondiale pour les navires marchands français naviguant en Méditerranée. Nombreuses, en effet, furent les victimes de la guerre sous-marine ou des mines que les annexes réunies à la fin du volume permettent de dénombrer (Compagnie des Chargeurs Réunis : 10 bâtiments engagés, cinq coulés ; Compagnie Générale Transatlantique : 25 bâtiments engagés, 10 coulés ; Société des Affréteurs réunis : 5 bâtiments engagés, tous coulés ; Société Navale de l’Ouest : trois bâtiments engagés, tous coulés …).

Mais il serait injuste de réduire le livre à ce seul aspect. L’amiral Nerzic commence par un bref et intéressant historique de la Compagnie des Messageries Maritimes (ce qui n’est que justice car, si elle consacra le plus grand nombre de navires à l’effort de guerre allié en Méditerranée, elle y subit aussi les plus lourdes pertes). Il évoque aussi avec une grande clarté la genèse de la déclaration de guerre, sujet compliqué s’il en est, et étudie méthodiquement le déroulement des opérations navales dans cette mer, tant sur le plan des opérations militaires que sur celui de l’emploi des bâtiments civils ou auxiliaires dont il retrace la résistance héroïque et parfois victorieuse contre les submersibles ennemis : ainsi, le récit (page 305) de la destruction du UC 35 par le chalutier armé Ailly, commandé par le premier-maître timonier Victor le Roux, rappellera-t-il aux marins un conte humoristique bien connu.

Pour élaborer cette œuvre, l’auteur a utilisé des sources documentaires très riches et parfois inédites, comme la collection du journal Le Patro, périodique publié à Ploudalmézeau et ayant reproduit, tout au long du conflit, des témoignages très vivants d’officiers mariniers ou de matelots, ou le journal de marche du médecin principal Eugène Prigent, médecin-chef du croiseur-cuirassé Ernest Renan, puis du navire-hôpital Navarre entre 1914 et 1919.

Les annexes, fruit d’un énorme travail de recherche, comportent des notices détaillées sur tous les navires de commerce français, ainsi que sur tous les sous-marins allemands et autrichiens engagés en Méditerranée, avec les noms de leurs commandants et les détails de leur carrière. Enfin, le livre, agrémenté d’illustrations judicieusement choisies, est rédigé dans un style fluide et agréable qui en rend la lecture réellement captivante.

Enthousiasmé par cet ouvrage, qui trouvera certainement une place privilégiée parmi la littérature consacrée à la commémoration du premier conflit mondial, je n’hésite pas un instant à en recommander chaleureusement la lecture.

CV(H) Philippe HENRAT
03/05/2017

La Grande Guerre en Méditerranée
CA (2s) Jean-Yves NERZIC
Editions H&D avril 2016

Voir aussi la recension du CF(H) Luc BRENAC

et celle du CV(H) Alain M. BRIERE

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