Lao Wai, tome 1, La guerre de l’opium

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2017 dans la catégorie « Bandes-dessinées ».

1859. Les empires français et britanniques préparent une nouvelle campagne contre la Chine. A Toulon, François Montagne et Jacques Jardin, « marsouins » au 4ème régiment d’infanterie de marine veulent intégrer le corps expéditionnaire. Après une dure sélection, ils embarquent en décembre pour l’Empire du Milieu, sous le commandement du général Cousin-Montauban. Sur le bâtiment, Montagne se lie d’amitié avec un vieux diplomate et son épouse, une jeune et troublante chinoise. Arrivé à Shanghai, le jeune soldat découvre que les motivations politiques et diplomatiques de cette intervention cachent aussi un enjeu économique : le commerce de l’opium…

Le Second Empire commence à se dépêtrer de la légende noire imprimée par une Troisième République naissante, et à retrouver ce qui doit être sa juste place dans notre mémoire collective. Après les historiens – tels Eric Anceau – qui ont montré combien cette période était riche de progrès et de contradictions, la bande dessinée s’intéresse à son tour à cette période. Avec réussite.

Lao Wai (« étranger » en mandarin) aborde une page méconnue des expéditions françaises menées outre-mer au XIXe siècle. Napoléon III – qui voulait se rapprocher des britanniques après les « affaires italiennes » – dépêcha 8.000 hommes auprès de son alliée, au nom de la protection des missions chrétiennes. Plus prosaïquement, ce qu’il convient d’appeler la Seconde Guerre de l’Opium profita d’abord au libre-échange que les occidentaux voulaient imposer à la Chine.

Le solide scénario d’Alcante et Laurent-Frédéric Bollée s’appuie sur une documentation d’époque (l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine, présentée dans les premières planches, est authentique et fit l’objet de croquis dans le journal l’Illustration et d’une grande émotion) et le soutien de connaisseurs.

Xavier Besse, qui travailla au département Chine du musée Guimet, dessine les décors et les scènes quotidiennes avec réalisme : il reproduit fidèlement les navires noirs et blancs alliant voiles et vapeur – si typiques de cette époque – les jonques de transport ou les armes et les uniformes. Le découpage, fluide et assez classique, offre de belles variations. Les atmosphères, profondes et chaudes, bénéficient d’une belle couleur aquarellée.

 Premier album d’une série pleine de promesses, Lao Wai offre une aventure en partie maritime et totalement exotique, où l’héroïsme côtoie une certaine noirceur. Il devrait être suivi de deux ou trois autres tomes, que l’on attend avec impatience.

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
09/04/2017

Alcante, Laurent-Frédéric Bollée, Xavier Besse
Lao Wai, tome 1, La guerre de l’opium
Glénat – janvier 2017

mots-clés :

Nous contacter

Prix Marine Bravo Zulu
ACORAM

Ecole Militaire, Case D

1 Place Joffre

75700 PARIS SP 07

Email:

Log in