Les passagers du vent – le sang des cerises Livre 2 – Rue des Martyrs

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2023 dans la catégorie « Mention spéciale Bande dessinée ».

1885. Après avoir vengé Klervi, blessée d’un coup de couteau par son ancien souteneur, Zabo décide de l’emmener loin de Paris. Au cours du voyage en train qui les conduit en Bretagne, Zabo confie à sa jeune protégée les traumatismes qu’elle a subis durant la Semaine sanglante et sa déportation en Nouvelle-Calédonie en compagnie de Louise Michel et Henri Rochefort…

Les Passagers du vent sont de retour. Après l’Atlantique, les côtes d’Afrique et la Louisiane, François Bourgeon achève ici son cycle sur la Commune de Paris.

La force de l’auteur réside – depuis le début de la série, dans les années 80 – dans sa capacité à construire avec minutie des scénarios riches, où la précision côtoie l’obsession du détail. L’exactitude et la vraisemblance historiques sont toujours présentes. Nul doute, ici encore, que l’auteur a lu, compulsé, synthétisé de multiples ouvrages pour arriver à ce résultat : le réalisme qui se dégage de cette bande dessinée doit sans doute beaucoup aux témoignages de Prosper-Olivier Lissagaray, Emilie Noro, Jules Vallès, Louise Michel et tant d’autres. Ainsi qu’au journal de bord de la Virginie, tenu par le capitaine de frégate Launay.

Dans ce neuvième tome comme dans le premier, les héroïnes sont affranchies, indociles, intelligentes. Charmantes et belles. Si proches. Et si différentes à la fois. Question d’âges et de caractères. Dans La fille sous la Dunette, Isa était jeune, ardente et indéfectiblement dans l’action. Zabo, elle, a quarante ans ; marquée par sa dure expérience, elle a atteint la maturité et le calme relatif que confère la résilience. Si l’impétuosité est encore là, elle couve sous la cendre. Le parti pris narratif accentue cette dissemblance : le fait que Zabo fasse appel à ses souvenirs, quinze ans après leur survenance, change la donne ; le poids de leur évocation dans le huis-clos d’un wagon ferroviaire, combiné à l’importance des dialogues et du texte, diminue l’impression d’énergie et ralentit le rythme du récit.

Au dessin, Bourgeon est à son meilleur. Comme à l’accoutumée, il maîtrise tous les détails. A-t-il une fois encore construit une maquette, celle de la Virginie, pour disposer des angles de vue les plus vraisemblables ? C’est probable. Et le rendu est d’excellente facture, cumulant à la fois le réalisme des plans et des images d’une grande exactitude. Les personnages aussi sont réussis, même si certains visages laissent parfois matière à retouche. En bref, ce dernier tome n’est pas sans atout : une série reconnue pour son univers depuis quarante ans, une reconstitution historique de très belle facture, des décors travaillés et des personnages attachants même s’ils n’ont pas tous le pied marin. Certes, la partie maritime est ici par trop réduite, mais qu’importe. Car, il faut le dire : cette saga en neuf volumes, qui démarre par « un homme à la mer » et s’achève sur les mots « N’empêche… c’est beau la mer », est exceptionnelle !

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
08/02/2023

François Bourgeon
Les passagers du vent – le sang des cerises Livre 2 – Rue des Martyrs
Delcourt, 23 novembre 2022

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