La Désolation

De nos jours. Evariste rompt avec sa vie antérieure, sa famille, sa compagne et, sans rien dire à personne, embarque sur le Marion Dufresne. Une fuite de près de 2.000 miles marins. Direction les Kerguelen. A bord, il fait la connaissance des scientifiques qui rejoignent les Terres australes et antarctiques françaises pour observer les dérives du monde. Arrivé à Port-aux-Français, il découvre les missions de ces derniers, géologues, océanographes, botanistes et autres écologues. Il se joint à l’un d’eux, biologiste, pour une expédition à l’extrémité de l’Île de la Désolation. L’aventure commence. Mais ce n’est pas celle qu’il imagine…

Appollo, scénariste de talent, que l’on connaît notamment pour l’excellente série Commando colonial, s’attaque ici au thème de l’environnement, de ses dérèglements et de l’adaptation de l’homme à ceux-ci. Il suit en cela la veine qu’il avait amorcée avec le très bon Biotope.

Comme à son habitude, il crée des personnages confrontés à l’impensable et qui agissent avec ténacité pour les uns et cynisme pour les autres. Dans cet ouvrage, l’individualisme et une sorte de syncrétisme mystique s’affrontent, l’instinct de survie et l’esprit scientifique se mélangent et se combattent dans une folie qui ne dit pas son nom. Appollo crée un univers obscur, plein d’inquiétude quant aux modifications de l’environnement et sans grand espoir sur les qualités de l’homme.

Le trait de Christophe Gaultier, qui tend à ombrer paysages, décors et personnages, de nuit comme de jour, renforce à l’envi le caractère sombre de l’histoire. La mise en couleur, faite de teintes pastel et sans éclat complète l’ambiance.

Cette bande dessinée, maritime dans son premier quart, associe fiction dans le temps présent et fantaisie rétro-historique, à la manière d’une série B des années 60. L’amateur pourra en être surpris ou au contraire s’y attacher. En tout état de cause, il ne pourra que s’interroger, en arrivant aux dernières cases, et se demander s’il n’est pas préférable de vivre en sauvage que de côtoyer la modernité. Et si la Désolation n’est pas là où on ne l’attend pas.                                                                       

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
13/11/2021

Appollo et Christophe Gaultier
La Désolation
Dargaud, août 2021

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