La bataille de Koh Chang

« Au début de 1941, les Japonais poussaient le Siam à s’emparer des deux rives du Mékong, voire du Cambodge et du Laos » dit le général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre. Profitant de l’affaiblissement de la France, les forces thaïlandaises lancent une offensive. La situation à terre est critique, aussi l’amiral Decoux, gouverneur général, ordonne-t-il aux forces navales d’Extrême-Orient d’exécuter une manœuvre contre la marine royale siamoise. L’amiral Terraux propose une opération maritime hardie devant les côtes de l’ennemi.

Très rares sont les ouvrages qui parlent de la brillante victoire de Koh Chang, durant la guerre franco-thaïlandaise, bien qu’il s’agisse de la seule bataille navale livrée et gagnée au cours des deux guerres mondiales par une force exclusivement française. Une bande dessinée s’empare de ce sujet méconnu, non sans mérite.

Au scénario comme au dessin, Lucas di Nallo donne à voir ce que fut cette bataille oubliée.

Le scénario mêle la fiction à l’Histoire, se positionnant à hauteur d’homme. Si l’on croise les grands chefs français et siamois, ce sont surtout les officiers, les officiers-mariniers et l’équipage qui sont mis en avant. L’auteur couvre de manière didactique la vie à bord, suivant quelques personnages pour décrire le fonctionnement d’un navire de combat. Il s’attache également aux aspects tactiques de la bataille navale, tant maritimes qu’aériens : l’on comprend ainsi comment, à l’issue d’un combat de moins de deux heures, la flotte française, hétéroclite et moins puissante, rentra à Saïgon avec seulement quelques blessés et des dégâts légers, alors qu’un tiers de la flotte thaïlandaise était mise hors de combat.

Par ses dessins, l’auteur restitue bien l’ambiance de l’époque ; il s’appuie sur une documentation précieuse, de l’INA et de l’ECPAD. Aéronefs et bâtiments – des coursives aux branles et des pièces d’artillerie au télémètre -, uniformes des deux partis, mais aussi palais en pagode et embarcations indochinoises traditionnelles : tout est au cordeau. Les personnages peut-être un peu aussi, qui y perdent en naturel.

Les pages de couverture intérieure offrent en outre un bref dossier qui donne en quelques planches une description des navires français et un rappel de ce que fût notre histoire coloniale dans cette région du monde.

Pour les amateurs de BD historiques, La bataille de Koh Chang est une intéressante découverte. Et l’on ne saurait que féliciter l’auteur, qui fut volontaire officier aspirant, pour cette œuvre notable et sérieuse au service de notre mémoire.                                                                       

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
10/05/2021

Lucas di Nallo
La bataille de Koh Chang
Editions Arvi, décembre 2020

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