Loin de la terre surgit le monde

La course au large en solitaire est la passion de Fabrice Amedeo. La Route du Rhum, le Vendée Globe sont ses faits d’arme. Dans cet ouvrage il nous livre ses rêves, ses expériences, ses émotions, ses rencontres avec la nature et les mers du sud. Au-delà des couleurs des levers et couchers de soleil, des nuages, de la mer, ce sont les grands traits de la vie de marin que nous retrouvons poussés l’extrême.

La première caractéristiques de la vie d’un marin est de partir loin et longtemps. La course au large ne le dément pas. Les concurrents du Vendée Globe, le tour du monde par le pôle sud, parcourent environ 25 000 nautiques (46 000 km) en 80 jours.

La seconde caractéristique est que la mer est un milieu hostile à l’homme. Une course au large c’est subir la brutalité des vagues et du vent, des mouvements du bateau. C’est souvent une succession de dépressions avec lesquelles il faut composer, car on ne triche pas avec la mer, elle est la plus forte. Le  risque est de tomber à l’eau et de voir le bateau s’éloigner si l’on n’a pas pris la précaution de s’équiper d’un harnais lié à celui-ci, ou de rester bloqué en haut du mat lors d’une réparation. Fabrice Amedeo a flirté avec ces situations où le navigateur solitaire est seul, face à la mort, personne n’étant là pour l’aider. Le PC de course à plusieurs milliers de kilomètres ne s’apercevra de sa disparition que plusieurs heures plus tard.

La troisième caractéristique est qu’il faut vivre dans un espace confiné avec des gens que l’on n’a pas choisis. Dans un IMOCA monocoque de 60 pieds (18,28 mètres), l’espace habitable de 7 m2, servira durant des semaines entières de bureau, de salon, de salle à manger, de chambre, de cuisine et de salle de bains. Dans une course en solitaire, le navigateur est seul face à lui-même, mais avec un équipier c’est vite l’enfer, il n’y a pas d’échappatoire à la confrontation des egos et des agressivités. L’esprit d’équipage (se respecter, se faire confiance, s’entraider), fondamental pour la réussite d’un projet commun, d’une mission commune, ne semble pas être une vertu des  navigateurs solitaires : « pour la seule fois de ma vie, me gagna l’envie irrésistible de commettre un homicide ».

De ses études de philosophie, Fabrice Amedeo a conservé un langage volubile, truffé de citations empruntées aux grands auteurs antiques et modernes, qui contraste avec le laconisme des marins en général et des ligériens en particulier (il est originaire des Pays de la Loire). Souvenez-vous d’Eric Tabarly, un autre ligérien et auteur prolifique, qui décrivait aussi ses expériences et ses rencontres avec la nature et l’océan.  

CV(H) Gérald BONNIER
08/02/2022

Loin de la terre surgit le monde
Fabrice Amedeo
Arthaud poche 2021
(Edition originale : Plon octobre 2020)

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