Les naufragés du Wager

L’adage dit que, souvent, la réalité dépasse la fiction. C’est ce que l’on ressent en lisant « Les naufragés du Wager ». S’aidant de journaux de bord ; de ceux, intimes, tenus par des officiers et des marins, ainsi que d’une bibliographie extrêmement poussée, l’auteur raconte l’extraordinaire, ainsi qu’épouvantable, aventure vécue par les matelots et les officiers du Wager.

Nous sommes en 1740. À la suite de l’arraisonnement d’un navire de commerce anglais par un bâtiment espagnol la guerre éclate entre les deux nations. L’Angleterre ne peut tolérer que l’on ait tranché l’oreille du capitaine britannique après la capture de son bateau.

Une escadre est confiée au commodore Anson. Son rôle : passer le cap Horn et remonter le long de l’Amérique du Sud pour nuire au commerce espagnol et capturer le galion chargé d’or qui part tous les ans vers les Indes. Cinq vaisseaux de ligne et trois navires d’accompagnement quittent Portsmouth. Parmi eux le Wager, un ancien marchand de la compagnie des Indes transformé en bâtiment de guerre

Le voyage est long et difficile, le scorbut décime les équipages. Les capitaines sont aussi touchés par la maladie et la mort. C’est ainsi que le second du commodore, le capitaine Cheap, prend le commandement du Wager jusqu’à son naufrage sur une ile glaciale et inhospitalière au large de la Patagonie.

La première partie du livre retrace le voyage et ses préparatifs. Il décrit les difficultés de recrutement, l’enrôlement forcé de matelots et même d’invalides. Puis le voyage jusqu’au terrible cap Horn et ses approches effrayantes. Le lecteur est frappé par la volonté hors normes des chefs, qui menés par le sens du devoir et aussi (et surtout ?) leurs ambitions personnelles, entrainent leurs navires et leurs équipages dans une lutte sans répit contre les éléments. Il est, pour eux, hors de question de renoncer et d’opérer un demi-tour !

Le cap Horn enfin vaincu, les navires restants entament la remontée du pacifique. Le Wager, affaibli, va être drossé sur une ile désolée au large de la Patagonie.

La suite est le récit des souffrances endurées par ces naufragés confrontés à la faim, la rudesse des éléments et à leurs luttes intestines.

Le livre tient en haleine le lecteur qui éprouve en permanence la rudesse de la vie de marin. Remarquablement documenté, agrémenté de cartes et de reproductions de dessins et de tableaux, doté d’une abondante bibliographie, ce roman est à recommander vivement à ceux qui aiment la mer et les bateaux.

Antonio Ferrandiz
Invité du Comité de lecture Bravo Zulu
21/01/2024

Voir la recension de l’ouvrage en version originale, par le LV(H) Dominique RENIE

Antonio Ferrandiz, Invité du Comité de lecture Bravo Zulu, s’est vu décerner une médaille de l’Académie de Marine pour son roman « Les voiles de la République« . Il a fait son service comme médecin de la Marine au centre de transmission des SNLEs à Rosnay, dans l’Indre et sur le Mercure, lors d’une campagne d’assistance aux pêches en mer d’Irlande. Cette  expérience a été racontée par ses soins dans le deuxième volume des « Voyages immobiles »  (Escale « SNLEs, brochets et thons »).

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