Pour mourir, le Monde

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2023 dans la catégorie « Livre ».

Le Portugal fut longtemps le premier empire mondial, porté par un peuple dont l’audace compensait la faible démographie, et le renfort de la Compagnie de Jésus. Antonio Vieira, jésuite né lisboète et qui finira ses jours à Salvador de Bahia, pouvait écrire sans mentir, dans le style baroque du temps qui inspire le titre de cet ouvrage : « Un lopin de terre pour naître ; la Terre entière pour mourir. Pour naître le Portugal ; pour mourir, le Monde ».  

Le rapprochement contraint avec la Couronne d’Espagne, de 1580 à 1640, devait entrainer le déclin de l’empire portugais, concurrencé dans la maîtrise des mers et soumis aux assauts répétés de ses comptoirs par les Provinces-Unies et les Anglais. Le grand naufrage de l’Armada des Indes dans le golfe de Gascogne, en janvier 1627, fut un point d’orgue éclatant et sinistre de cette décadence.

Yan Lespoux, dans ce roman choral qui s’étend sur une dizaine d’année, met en lumière cette période, en y mêlant les destinées d’une galerie de caractères vivants : Marie, indomptable fille de résiniers médocains, et Louis, son oncle régnant sur les marais ; Fernando, soldat renégat condamné à Gao, qui peine à tenir son destin en main et le voit toujours s’échapper ; le jeune Diogo qui a réussi à s’attacher à un noble en vue. Ils se retrouveront à la fin de l’aventure.  

S’y ajoutent de nombreux personnages secondaires, de haute noblesse ou de basse extraction : Dom Manuel de Meneses, amiral de la flotte, et dom Vincente de Brito, Simão et la belle Sandra, camarade et maîtresse de Fernando, sans oublier Hélène la sorcière et Ignacio, indien du Brésil qui promène son arc et son casse-tête avec lui partout où va son compagnon.

Au-delà de ces portraits de belle tenue, dont les destins se croisent, se font et se défont, c’est tout à la fois le rapide naufrage d’une flotte vieillissante sur les côtes françaises et la lente descente aux enfers d’un Portugal presque désemparé qui se donnent à voir.  

Pour mourir, le Monde, est un premier roman au souffle épique, qui se lit avec plaisir de bout en bout. Roman historique certes : la documentation historique est connue, et elle est utilisée avec brio. Mais roman avant tout : la force de ses personnages, la grande qualité de ses descriptions maritimes, la manière de décrire la violence du monde et la façon de dénouer l’intrigue de manière condensée, le positionnent sans contexte dans le domaine de la littérature.

CC (R) Jean-Pascal DANNAUD
28/08/2023

Pour mourir, le Monde
Yan Lespoux
Agullo Éditions

Voir également les récensions du LV(H) Dominique RENIE, du CF(H) Alain M. BRIERE, du CF(H) Philippe BEAUCHESNE et du LV(H) Bruno LEUBA

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