Pitcairn – L’île des révoltés du Bounty – Tome 2 : Nouvelle vie

En collaboration avec le scénariste franco-britannique Mark Eacersall, Sébastien Laurier nous propose le second tome de la transcription en BD chez Glénat de son ouvrage La Bounty à Pitcairn (mais que sont les révoltés devenus ?) paru aux éditions Zeraq en 2017.

Ce projet de mise en bande dessinée d’un évènement qui a nourri l’imaginaire maritime des deux derniers siècles est une initiative bienvenue. Il nous est donné de comprendre, sans le justifier, le comportement agressif des mutins vis-à-vis des Tahitiennes et Tahitiens qu’ils ont embarqués, de plus ou moins bon gré, dans leur aventure.

Les mutins sont confrontés à un milieu hostile. Et bien que, lorsque cela les arrange, ils reconnaissent théoriquement la prééminence de Fletcher Christian, âme de la mutinerie, ils ont auparavant contesté l’autorité légitime de leur ex-commandant, le capitaine William Bligh. Suite à ce forfait, leur comportement devient alors dénué de toute retenue et rappelle celui des jeunes Britanniques abandonnés sur une île déserte sans aucun adulte pour les encadrer et revenus à l’état sauvage, tel que décrit dans le roman Sa majesté des mouches (Lord of the flies) de William Golding, porté à l’écran de manière magistrale en 1963 par Peter Brook.

Alors que le premier tome de la saga nous avait relaté l’errance des mutins jusqu’à découvrir l’île de Pitcairn qui leur servira d’asile, ce deuxième tome nous décrit les premiers mois de l’installation sur l’île, avec tous les conflits qui en découlent. Les Britanniques n’ont pas tous la même conception de leur destinée. Certains voudraient conserver intact leur navire pour préserver la possibilité de quitter l’île ; d’autres décident d’incendier la Bounty pour éviter qu’elle ne soit découverte par un vaisseau passant au large. Les décès exacerbent les rivalités entre blancs et Tahitiens, certains dotés d’une compagne et d’autres souhaitant se mettre en couple, alors que le nombre de femmes est limité et qu’aucune n’est libre de tout lien. Et le sens de la propriété des animaux d’élevage et des cultures vivrières n’est pas le même chez les uns et chez les autres. L’ambiance devient électrique.

La description des relations entre Tahitiennes, seules à rester douées de raison et d’humanité dans tout ce chaos, se révèle l’un des aspects les plus émouvant de ce deuxième tome. Elles deviendront, nous l’espérons, source d’apaisement entre les protagonistes. Le prochain tome nous éclairera sur ce point. Le dessin et la mise en couleurs de Gyula Németh servent au mieux ce récit bouleversant. De nombreuses planches sont de véritables œuvres d’art. L’artiste excelle notamment dans les scènes nocturnes qui sont rendues de fort belle manière.

LV(H) Dominique RENIE
18/12/2022

Pitcairn – L’île des révoltés du Bounty – T2. Nouvelle vie
Scénario Marc EACERSALL et Sébastien LAURIER, dessin Gyula NÉMETH
Glénat

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