La ballade d’Hugo

Raconter la vérité comme quelque chose de faux c’est mêler l’affabulation à la réalité, c’est raconter sa propre existence de mille façons différentes sans savoir s’il y en a une de vraie ou même si l’une est plus vraie que l’autre. C’est l’aveu même d’Hugo Pratt, ce génie du fumetto italien, père du fascinant Corto Maltese, dont on ne sait plus si les aventures sont imaginaires ou si elles reflètent celles vécues par son créateur.

Démêler le vrai du faux de la vie d’ Hugo, c’est la démarche entreprise par plusieurs de ses amis d’où cet album qui mêle les charmants pastels de Bepi Vigna, aux écrits de Paola Ivaldi, fille de son éditeur mécène ou de l’écrivain Claudio Dell’ Orso ou encore du journaliste Ferruccio Giromini

Tout commence en Afrique et plus précisément en Abyssinie occupée par l’Italie de Mussolini. Rolando, le père d’Hugo y est en poste du contrôle à la frontière et il enrôle son fils d’à peine treize ans, dans la police coloniale. Malgré ses fonctions et la guérilla qui mine le pays, le jeune Pratt trouve néanmoins les occasions de faire la cour aux belles Ethiopiennes, penchant qu’l cultivera sa vie durant. Au retour d’Haïlé Sélassié en 1942, Rolando est capturé par les troupes Britanniques et envoyé en camp de concentration où il mourra.  Rapatriement en Italie d’Hugo et de sa mère Evelina. A Venise, leur ville natale, Hugo s’éprend d’une jeune auxiliaire de l’armée allemande qui le dénonce comme espion Sud-Africain. Après un séjour en prison, il est enrôlé dans la police maritime nazie jusqu’à la libération où il devient interprète pour les Anglais et organisateur de spectacles. En 1946 il devient membre du groupe de Venezia et grâce à son coup de crayon, participe à Uragano Comics qui édite L’As de Pique, revue de bandes dessinées sur des héros masqués américains, ancêtres des Marvel comics.

Hugo et ses dessins commencent à être connus et en 1949, il répond à l’invitation d’un éditeur argentin très admirateur de ses créations.

C’est sur ce départ que se termine la partie dessinée de l’album et que commence la vraie carrière de Pratt.

A Buenos aires, il contribue à Misterix, la BD qui a bercé mon enfance et dont le héros éponyme, alias John Ferdigan, combat le mal grâce à son costume invulnérable.

En 1967, de retour en Italie, Hugo Pratt rencontre Florenzo Ivaldi qui béat d’admiration pour son talent, deviendra son mécène et subventionnera la revue Sgt Kirk où le personnage secondaire de Corto Maltese fera ses débuts.

On connait la suite et le succès fantastique des aventures de ce héros, symbole de la propre existence d’Hugo Pratt et de son regard sur la vie.

La dernière partie de l’album, ma préférée, est somptueuse : les fac-similés des plus belles couvertures dessinées par Hugo Pratt pour Sgt Kirk. Un régal pour les yeux !

CF(H) Alain M. BRIERE
15/03/2022

LA BALLADE D’HUGO
Hugo Pratt, une vie d’aventures
Scenario : Bepi Vigna – Dessin : Mauro de Luca
Éditions : Lo Scarabeo / Glénat

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