Retrouver la Minerve

27 janvier 1968 – 07h56m, La Minerve qui navigue au schnorchel au large de Toulon, accuse réception de l’ordre annulant le prochain exercice avec un Bréguet puis disparaît pendant plus de 50 ans.

Hervé Fauve, fils du lieutenant de vaisseau commandant la Minerve et le journaliste Léonard Lièvre, racontent la ténacité, les espoirs et les désillusions de 52 familles dans leur volonté de retrouver la sépulture de leurs chers disparus.

L’enquête est ardue, minutieuse, émouvante et pleine de rebondissements. Les sous-marins de ce type, à propulsion diesel-électrique, sont réputés maniables et silencieux, à la pointe de la technique. Ils préfigurent les unités à propulsion nucléaire et à priori, ils ne sauraient couler sans laisser de trace. 100 heures d’oxygène c’est leur autonomie en plongée, c’est aussi le temps limité de la recherche pour retrouver l’équipage vivant. A part une trace d’hydrocarbures dans une zone improbable, il n’y a aucun indice sérieux pour orienter les recherches sauf peut-être ce signal anormal détecté à 07h59 par le laboratoire de géophysique dirigé par Yves Rocard, père du futur premier ministre et qui pourrait correspondre à une implosion. Malheureusement, pas plus les bateaux gris sur site que la soucoupe plongeante de Cousteau n’apportent des éléments permettant de retrouver le sous-marin naufragé.

La Minerve est perdue corps et biens.

Un hommage présidé par le président de Gaulle est rendu aux 52 officiers et hommes d’équipage dont on a plus la trace et dont bientôt on perdra la mémoire.

Sur les ailes du temps la tristesse s’envole… mais pas pour une poignée de parents et d’amis qui ne se contentent pas des éloges aux victimes ni des déclarations de la Marine et de la DCAN qui avouent ne pas s’expliquer ce naufrage tant le sous-marin, dont des répliques sont en négociation de vente à divers pays étrangers, est techniquement sûr. Alors, faute humaine ? un coup des Soviets ? torpillage ? une avarie des barres ? un défaut du schnorchel ? La presse à sensations n’est pas en reste et court le cliché qui fera pleurer dans les chaumières avant de s’occuper des jeux de Grenoble ….

Deux jours avant la Minerve, le sous-marin israélien Dakar s’en va par le fond. Deux ans plus tard,   L’Eurydice,  soeur de la Minerve, coule dans les mêmes parages entraînant 58 hommes dans la mort. Yves Rocard localisera l’épave retrouvée à 750 mètres de fond, après seulement 2 semaines de recherches. En 71, la Flore, de la même couvée, échappe au plongeon mortel en ‘larguant les plombs’. Tout ça n’est pas bon pour le recrutement des équipages des Redoutable et autres Terrible et Foudroyant. La disparition de la Minerve classée Confidentiel Défense n’est pas pour rassurer les recrues ni pour promouvoir d’autres recherches par les Autorités déjà peu enthousiastes.

La mer garde son sinistre secret et l’oubli s’installe jusqu’à ce 21 juillet 2019 où l’épave est retrouvée par le Seabed Constructor à environ 45 km au sud-est de Toulon et par 2300 mètres de fond !

Mais avant cet épilogue, que d’émotions, de chagrins, d’atermoiements, de faux espoirs et de grandes joies sont évoqués par les auteurs qui, avec des mots qu’on lit avec les yeux embués et, un astucieux découpage de leur enquête pour en garantir le suspense, rendent un vibrant hommage aux marins des bateaux noirs. A lire absolument.

A signaler le documentaire de Nadège Hubert et Claude Ardid  ’s/m la Minerve’ diffusé sur les chaînes publiques en Janvier 2021.

CF(H) Alain M. BRIERE
20/08/2021

RETROUVER LA MINERVE
Hervé Fauve – Léonard Lièvre
Editons Konfident

Voir également la recension du LV(H) Bruno LEUBA

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