Agée de cent mille ans, une baleine cache derrière son sourire la plus grande bibliothèque de l’océan. Un facteur travaillant pour les Postes maritimes livre le courrier en haute mer. Une rencontre fortuite, qui pourrait mal finir pour le facteur et son courrier, se transforme en une amitié singulière, pour ne pas dire en amour. Hélas, les baleines comme les bibliothèques aujourd’hui courent de grands dangers et les livres sont des objets à part, fragiles et irremplaçables.

Zidrou, ancien instituteur devenu scénariste de bande dessinée, connu pour son héros L’élève Ducobu et la reprise des classiques Ric Hochet, Chlorophylle et Clifton, livre ici un conte contemporain original et d’une extrême poésie. Derrière cette belle histoire se cache à la fois une ode à la nature et, plus sûrement encore, un véritable appel à la survivance du livre et des bibliothèques comme outils de partage, de plaisir et de transmission.  La narration est fluide, et l’histoire connaît une issue à la fois triste et pleine d’espoir.

Au dessin, Judith Vanistendael utilise l’aquarelle et les crayons de couleur, ce qui renforce la dimension onirique de cette fiction. Si la réalisation peut donner le sentiment que la cible est celle du jeune public, quelques images démontrent assez qu’il n’en est rien et que tous les âges peuvent y trouver leur compte. Les éditions du Lombard sortent sans doute avec cet ouvrage de leur production habituelle, mais nul ne le regrettera. La force de cette bande dessinée est qu’elle s’adresse à tous les amoureux de la mer, de trois à cent-trois ans. Les contes, par définition, ont une dimension universelle. Gageons que celui-ci trouvera sa place dans la mémoire des vieux loups de mer comme dans celle des moussaillons les plus novices.

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
14/06/2021

Judith Vanistendael & Zidrou
La baleine bibliothèque
Le Lombard, mai 2021