Sylvain Tesson est notre grand écrivain aventurier français, écrivain de marine de surcroit. C’est dire combien chaque parution de l’une de ses œuvres est attendue et scrutée avec impatience par son lectorat fidèle.

Suite à un grave accident d’escalade, il s’est rééduqué tout seul, à force de volonté, en faisant le tour de France à pied, par les chemins noirs, ainsi qu’il a intitulé le récit qu’il en a tiré.

Faisant le triste constat que la surface du globe est cartographiée, il s’est mis à la recherche de terra incognita lui permettant de faire mentir le sombre pronostic qu’on lui avait prédit à l’hôpital, sur un lit de pitié : qu’il devrait renoncer aux falaises. Et pour cela, ayant escaladé avec son complice Daniel du Lac l’aiguille d’Étretat, imaginée creuse par Maurice Leblanc pour les besoins de l’intrigue de l’une des plus passionnantes aventures d’Arsène Lupin, il décide de s’embarquer dans la conquête de plus d’une centaine de piliers de la mer, semblables à l’aiguille d’Étretat ou au Bonhomme de Bourail, en Nouvelle-Calédonie.

Il s’associe pour cela à Daniel du Lac et à son vieil ami Thomas Goisque, talentueusx photographe qui va immortaliser les images de ces escalades souvent périlleuses.

Sylvain Tesson, remarquablement cultivé, se lance à chaque occasion dans de remarquables évocations littéraires, historiques, géographiques, philosophiques ou poétiques, qu’il qualifie avec un peu trop de modestie de considérations vaporeuses.

L’ouvrage se dévore avec plaisir. Il est illustré d’une suite de croquis de l’auteur qui expliquent, mieux qu’un long discours, le processus de formation des piliers de la mer, résultats de l’érosion marine et voués à disparaître, avant de donner naissance à de nouveaux monolithes. Une carte manuscrite indique également les emplacements des 106 stacks gravis. La jaquette, fort originale nous présente quelques photos de Thomas Goisque qui donnent à entrevoir les périls affrontés par les alpinistes marins. On se prend à rêver d’un livre illustré composé de photos de ces escalades par Thomas Goisque et légendées par Sylvain Tesson. Les deux amis ont déjà collaboré par le passé pour de tels ouvrages…

Enfin, signalons à l’auteur en mal de terra incognita que l’on peut aussi s’intéresser à la mare incognitum, plus de 80 % des fonds marins restant encore à explorer. Cela ne pourrait-il pas faire l’objet de prochaines aventures ?

LV(H) Dominique RENIE
27/08/2025

Les Piliers de la Mer
Sylvain Tesson
Albin Michel

Voir également la recension du CF(H) Alain M. BRIERE