On a mangé la mer – Une enquête au cœur de la crise de la pêche en France
- Auteur Invité du comité de lecture
- Publié dans Bandes-dessinées, Recensions
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On a mangé la mer explore de manière approfondie l’état critique des ressources halieutiques le long des côtes françaises. À travers une enquête journalistique, l’ouvrage interroge la disparition des poissons et les pratiques de pêche qui y ont conduit. Loin de se limiter à une dénonciation militante, la bande dessinée propose un travail de vulgarisation rigoureux, fondé sur des témoignages multiples et des données scientifiques accessibles.
L’originalité de cette œuvre tient à sa structure hybride : entre récit personnel, enquête de terrain et exposé pédagogique, le lecteur suit un narrateur-journaliste qui rencontre pêcheurs artisans, représentants de l’industrie, biologistes marins, ONG ou encore membres de l’administration. Le propos s’adresse à un lectorat adulte, curieux ou engagé, et particulièrement pertinent pour des personnes ayant une connaissance préalable du secteur maritime. La parole des pêcheurs est respectée, jamais caricaturée : on comprend que ce sont souvent les premières victimes d’un système économique et politique qui les dépasse.
Graphiquement, Olivier Martin choisit un trait sobre, semi-réaliste, appuyé par des couleurs froides qui évoquent la mer, la pluie, les navires en cale sèche. Les séquences dialoguées alternent avec des pages explicatives, où infographies et schémas enrichissent la lecture sans alourdir le propos. Ce choix confère à l’ouvrage une certaine cohérence, mais peut aussi induire une certaine forme de froideur.
Du point de vue pédagogique, On a mangé la mer constitue un très bon outil. Pour les professionnels du monde maritime, il offre une synthèse claire et actuelle des enjeux liés à la surexploitation des ressources. Il permet aussi de nourrir la réflexion sur les alternatives : aires marines protégées, co-gestion, valorisation de la pêche artisanale ou nouvelles formes de consommation. Le message de fond, bien que grave, n’est pas désespéré. La dernière partie de l’ouvrage propose des pistes de sortie, en insistant sur le rôle de chacun : consommateurs, scientifiques, politiques, et ceux qui vivent quotidiennement de la mer.
En conclusion, cette bande dessinée s’impose comme une œuvre utile, lucide et constructive. Elle ne prétend pas apporter de solution miracle, mais elle donne des clés de compréhension précieuses à celles et ceux qui aiment la mer et veulent encore pouvoir y pêcher demain. Pour un public ayant déjà un pied dans ce monde elle constitue une lecture recommandable, à la fois éclairante et mobilisatrice.
CC(R) François LE LOC’H
09/08/2025
On a mangé la mer – Une enquête au cœur de la crise de la pêche en France
Maxime de Lisle (texte) et Martin Olivier (dessin)
Futuropolis