Le capitaine égaré
- Auteur CF(R) Jean-Pascal DANNAUD
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Novembre 1775. Le capitaine Landais, en quête d’un commandement et de la Croix de Saint-Louis, se rend à Versailles. Aucune des promesses qu’il y reçoit ne sera tenue. A son retour, on lui propose un rôle de marin des ports. L’homme, ambitieux, susceptible et ombrageux, fier de lui et sûr de sa valeur, s’enflamme et crie à l’injustice. Sollicité par Benjamin Franklin, il décide alors de s’engager au profit de la cause des « Insurgents ». Trouvera-t-il dans la marine américaine naissante la reconnaissance qu’il cherche avec frénésie et que la France ingrate n’a pas su lui donner ? Saura-t-il gérer sa nouvelle carrière et trouver sa place sans se créer d’inimitiés ? Rencontrera-t-il la fortune et la gloire ? Saura-t-il tenir son rang et sa place face à l’étoile montante John Paul Jones ?
Les romans maritimes ne sont pas légions ; le plus souvent, ils ont un point commun, celui de de s’attacher à des héros positifs. De Patrick O’Brian à Alexander Kent, de C.S. Forester à Fabien Clauw, tous ont de belles qualités, alliant courage, manières chevaleresques et chaleureuses.
Dans la lignée de ces auteurs réputés, Vincent Guéquière, officier de Marine, trace une voie singulière. En effet, s’il offre avec Le Capitaine égaré une plongée magistrale dans la guerre d’Indépendance américaine, installant un cadre historique riche où les connaisseurs trouveront sans mal les références aux réalités de l’époque – de la livraison d’armes financées par la France sous couvert de Beaumarchais à l’espionnage britannique au plus près de l’ambassade américaine, c’est le choix du personnage de Landais qui instaure toute la différence entre l’auteur et cette illustre lignée.
Marin habile, fin manœuvrier, courageux, Landais est aussi un homme maladivement jaloux du succès des autres, désagréable dans le service et incapable de maitriser ses tristes passions, au point de s’aliéner tous ses soutiens. A dire le vrai, il n’a grand-chose pour plaire.
Le vrai talent de Vincent Guéquière, c’est de rendre son héros attachant malgré tout, dans sa complexité, avec ses faiblesses profondes et ses énormes défauts. Il le fait avec nuance, dans un portrait sans concession.
Le Capitaine égaré possède une autre qualité : celui de présenter dans une prose élégante et un langage précis la vie embarquée au 18ème siècle. Les affres de la navigation et des combats à la voile y sont montrées sans détour, dans un style efficace qui est celui du connaisseur, entrecoupé de poésie.
On retiendra que Le Capitaine égaré est une première œuvre réussie, forte de sa dimension maritime et de sa galerie de portraits. Nul doute qu’il marquera ses lecteurs, amateurs de psychologie, de récits maritimes et d’aventures.
CF(R) Jean-Pascal DANNAUD
09/08/2025
Vincent Guéquière
Le capitaine égaré
Paulsen
Voir également la recension du LV(H) Dominique RENIE et la recension du CF(H) Jean-Marie CHOFFEL