Dans cet ouvrage, roman historique et roman d’aventure, Vincent Guéquière nous entraine dans un épisode maritime de la guerre d’indépendance des Etats Unis d’Amérique. Son héros, le capitaine Pierre Landais, un Malouin au caractère bien trempé qui a fait le tour du monde avec Bougainville, est passé au service des insurgents car il n’a pas obtenu la reconnaissance qu’il espérait de ses services dans la Marine Royale.

Le Congrès américain lui confie en 1778 le commandement d’une frégate, l’Alliance, qui sera rattachée à l’escadre du commodore John Paul Jones, qui commande le Bonhomme Richard. Mais, s’il se montre excellent marin et excellent guerrier, Pierre Landais s’avère très mauvais meneur d’hommes. Se croyant perpétuellement persécuté et victime de complots, il est haï par ses officiers et tous ses équipages et entrera en conflit avec John Paul Jones qu’il ira jusqu’à provoquer en duel.

En 1799, lors du combat de Flamborough Head, l’Alliance se porte au secours du Bonhomme Richard en lutte à mort avec le Serapis anglais, mais ses premières bordées atteignent les deux bâtiments agrippés l’un à l’autre. Le Bonhomme Richard sombrera par la suite. Pierre Landais est démis du commandement de sa frégate qui est confiée à John Paul Jones. Il profitera d’une absence de ce dernier à Lorient pour en reprendre subrepticement le commandement et la conduire à Boston. Ce dernier manquement aux ordres lui vaudra de passer en conseil de guerre et d’être exclu de la marine américaine.

De retour en France, il est réintégré en 1792 dans la Marine française qui manque cruellement d’officiers expérimentés et il sera même promu contre-amiral. Il quittera la France pour retourner aux Etats Unis tenter de faire aboutir ses réclamations auprès du Congrès, mais il décédera à New York en 1820 ayant perdu la raison.

Vincent Guéquière a construit son roman sur des faits réels, extraits des nombreuses archives qu’il a consultées. Officier de marine, il sait ce qu’est l’« esprit d’équipage », que l’on peut traduire par se respecter, se faire confiance et s’entraider et qui est une force morale de la Marine nationale. Il décrit l’ambiance délétère que le comportement de Pierre Landais crée autour de lui et son effet désastreux sur ses officiers et ses matelots, ainsi que l’exaspérations de sa hiérarchie. Ceci dans une succession de situations bien rythmée, à travers des dialogues vivants, modulés par la personnalité et le caractère des interlocuteurs. De la même manière, il nous fait rencontrer de grands personnages français de cette époque comme Sartine, Bougainville ou Lafayette et américains comme Benjamin Franklin ou John Paul Jones.

CV(H) Gérald BONNIER
03/09/2025

Le Capitaine égaré
Vincent Guéquière
Paulsen

Voir également la recension du LV(H) Dominique RENIE, la recension du CF(H) Jean-Marie CHOFFEL, la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE et la recension du CF(R) Jean-Pascal DANNAUD